Jean ARABIA
67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
Tout ce qui est humain et fraternel est nôtre.
Vous êtes vraiment magnifique, descendant de nos si chers et grands noms qui marquent (et peut-être la marquerons-nous aussi) l’étoile des plus jolis vents du midi latin et fabuleuse MEDITERRANÉE ;
descendant (aussi) votre perron pour traverser la Manche. (1)
Je crois que vous êtes à Manchester à cette heure, et souhaite que la côte anglaise vous apporte mille joies et aussi d’agréables soleils dignes d’immortaliser nos plus aguichantes ballerines – celles de nos vingt ans, et même les autres – mais ne vous fasse pas oublier votre promesse d’un « papier » à votre seul goût, (et trentaine de lignes) pour
PEUPLE UNIS.
Merci très affectueux.
A vrai dire, je suis content aussi que les raisons du bloc-notes de notre très aërien et superbe et immortel ami, François Mauriac, en ce qui concerne le L’Histoire d’O – qu’hélas ! je n’ai point lue, non plus – soient tout le contraire des miennes.
Ce qui m’ennuie c’est que les raisons mauriaciennes vous « ont peiné » (2) tandis que les miennes vous eussent réjoui.
Si vous pouviez vous échapper de vos travaux et ainsi vous décider à venir nous voir, cela ferait plaisir à ma femme et m’agréerait tellement.
Je pars en vacances – et même je crois
(je vous expliquerai de vive voix, car si vous êtes empêché de venir ici, je prendrai un proche mercredi à La NRF comme je le fais souvent.)
Je vais encore pécher – mais en belle sagesse – et DIEU l’incompréhensible m’absoudra, certes – ces « notes sur l’Érotisme en littératureLe Figaro Littéraire, n° 641, 2 août 1958, p. 1 et suivantes. Voir également la correspondance de Jean Paulhan et François Mauriac (François Mauriac & Jean Paulhan, correspondance 1925-1967, édition annotée et présentée par John E. Flower, Paris : éd. Claire Paulhan, coll. « Correspondance de Jean Paulhan », 2001 (réédition revue et augmentée, même année, même éditeur).Notes mériteraient un assez long texte concernant l’érotisme en littérature et hors littérature, et qu’un tel texte auquel je songe – même tramé sans qu’il puisse contrister en rien notre cher ami MAURIAC – ne serait pas publié par La Nouvelle [Nouvelle Revue Française].
Surtout n’allez pas croire que ces dernières lignes ne sont pas batifolantes.
Je ne perds le « batifolage » et ses bons frères batifolants qu’à mon établi d’horloger.
A bientôt ; mes mains fraternelles.
(1) page 8
p 1 ... (2) Le Figaro Littéraire du 2 Août 1958
p 1 ... (3)