Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Arabia à Jean Paulhan, 1958-04-13 Arabia, Jean (1898-1975) 1958-04-13 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958-04-13 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 13 avril 1958
Français

Jean ARABIA

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

LVIII
Mardi 13 Avril
Cher Ami,

Voici qu’il y a un peu de soleil sur ma petite ttable (avec vos bonnes nouvelles) c’est joli et exaltant.

Je voulais vous écrire, le jour où j’ai reçu votre si agréable message.

Je crois que j’aie eu bonne idée de retarder, un peu car le Manoir de l’Île P. C. (n’ayant rien de commun avec tous les P. C guerriers qui déchirent notre monde) me paraît au contraire ravissant pour vous y envoyer des nouvelles parisiennes.

Pour les (dix meilleurs) je comprends que ce soit un peu difficile et qu’il y faudra les distances (au moins) que vous signalez.

Votre hommage dans la nrf d’avril m’a fort émuJean Arabia évoque l’article « Le Clair et l’obscur » paru pour la première partie dans le n° 64 de la NNRF, 1er avril 1958 (pp. 577-593) et la seconde dans le n° 66 du 1er juin (pp. 1006-1026). Ce très beau titre d’un texte qui l’est tout autant finira par désigner l’auteur lui-même comme en témoigne le titre du colloque de Cerisy-la-Salle en 1998.. Mon nom (si inconnu) cité parmi tant de noms célèbres et de choses qui le seront (je n’en doute) bien plus, et au cœur d’un atelier où le clair et l’obscur ont juste les dimensions qui conviennent (et y a-t-il aussi un peu de zen ?) tout cela m’a intrigué et même un peu surpris.

Flatté, certes, ai-je à l’ajouter ?

Mais voici comment les choses se sont passées :

Je suis allé rue Didot-BottinJean Arabia joue sur les toponymes et rebaptise la rue Sébastien-Bottin par le patronyme de la société commerciale Didot-Bottin qui reprendra après la mort de son prédécesseur la publication des célèbres annuaires téléphoniques et commerciaux. Cette association renforce sans doute l’hommage de Paulhan à Arabia qui, cité par Paulhan, est désormais inscrit « au bottin poétique ». comme

si j’avais à y entendre quelque musique nouvelle et bien plus étonnante que celle annoncée par Horace et puis, poussé, aiguillonné, par ce que nous nommons (faute de mieux, pressentiment).

Lorsque j’ai demandé à DO, ce qu’il y avait d’impressionnant et de vraiment nouveau dans la nrf, elle m’a signalé votre essai, (mais cette si amicale et rusée notre, chère DO) n’a point vendu la mèche – permettez-moi cette parole de bon faubourg –

Et je suis resté sur ma faim, sauf lorsque je me suis mis, (dans le métro) à vous lire !....

C’est tout de même une excellente parcelle de ciel terrestre que d’avoir de vrais amis – surtout pour moi qui chemine (parfois) sans trop savoir pourquoi, très secoué par de vaines angoisses-

Mille fois Merci (donc) très cher et très affectueux et très attentionné ami, de cet hommage que je ne mérite point, mais qui a mis, en délicieuse déroute la meilleure part de mon âme.

Les médecins ont été bien inspirez de vous envoyer à Port-Cros.

Le 28 (dites-vous) vous avez à comparaître devant la justice de (notre pays). Que vous reproche-t-on ? S’agit-il encore du Livre d’O ?..... Je vous verrai avant, j’espère, et (si je puis pour peu que ce soit) servir à votre défense, vous n’avez qu’à m’aviser.

Il faudra aussi vous décider à venir nous voir, ici. Ma femme se rappelle à votre bon souvenir.

De nous deux, amitiés, avec mes très respectueux hommages à Madame Jean Paulhan.

Fidèlement vôtre.

Jean ARABIA

Le livre ? Je crois qu’il ne sera prêt à sortir qu’en août. Juste au moment des vacances, c’est peut-être une date peu entraînante…..