Jean ARABIA
67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
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Vendredi 6 janvier LVIJ’avais belle envie avant-hier, de venir r. S. B.[rue Sébastien Bottin] vous dire : bonne année.
Un petit patron (dans mon genre) n’est jamais parfaitement son maître :
j’ai été empêché.
En plus je sors d’une campagne électorale qui nous a donné du mal.
Je savais que nous allions en superbe vélocité à un échec et mat très spectaculaire. Mais je savais aussi qu’en Lion-non-violent (seulement très justicier) je pourrai défendre la vraie PAIX.
Préaux d’école presque vides, Wagram chargé de bonnes grappes humaines, parmi mes compagnons anti-bellicistes, j’ai sonné le ralliement pour la Patrie Universelle (seule bonne) ; et cette défaite (mienne) après tant d’autres, en bien d’autres domaines, fait encore mon âme sereine et joyeuse.
(Il se peut, après tout, que la victoire-victoire, rende très sombres d’authentiques lutteurs)
J’espère vous revoir assez prochainement. Vous me donnerez des nouvelles des derniers textes à vous confiés.
Merci encore.
Que 56 soit de grâce, pour Madame Jean Paulhan – dont je souhaite que la santé s’améliore –
de grâce aussi pour vos chers tous et pour vous-même.
Ma femme joint ses bons vœux aux miens, et se rappelle à votre bon souvenir.
En inaltérable affection fraternelle
vôtre.
Vœux encor[e] pour la N. N. [Nouvelle Nouvelle Revue Française] allant toujours très zénithale vers de nouveaux succès, porteuse aux continents des plus beaux feux (étonnants, essentiels) de notre langue d’immortalité.
Vœux, ainsi aux grands N.N. qui l’animent :
au cher Marcel ARLAND dont l’œuvre critique émerveille ;
à sa gentille secrétaire;
à DO qui s’efface, et qui (probablement) me gronderait (ne serait-ce qu’avec ses yeux) si, raturant la littérature, je disais à peine joliment qu’elle est une fameuse ETOILE ;
enfin à tous ceux que je rencontre au grand bureau GALLIMARD (vôtre) et à toutes (certes) à qui je tends ma petite main de poëte inconnu ; et très particulièrement au grand PATRON GASTON GALLIMARD que je n’ai ni l’honneur ni la joie de connaître.