Jean ARABIA
67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
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Tél : mol.27.24
Lundi 10-V-54
Cher Ami,Je voulais vous écrire déjà avant-hier, au sujet de la fin du Coup de boules, et des réflexions que votre observation a fait surgir :
Ce n’est pas qu’au billard qu’un coup de boules de génie abolit le hasard ;
c’est aussi à ce jeu – que vous aimez, je crois – et que le Midi a inventé, je suppose, où le cochonnet est le signe-arbitre, (le tireur, le plus adroit y abolit le hasard) ;
enfin ce jeu continuel des idées qui sont certes de bonne boule,
qui nous assaillent ou s’envolent, bonnes ou mauvaises idées -
et là aussi s’abolit le hasard,
car, de temps à autre, un grand joueur les capte, les trie, et après choix inattendu du commun, (mais exigence du seul grand joueur), il nous parvient
quelque invention littéraire ou scientifique de génie que l’humanité s’empresse d’inscrire sur ses tables immortelles.
Un coup de boule abolit le hasard. Il est vrai, toutefois, que l’ensemble du poëme se prête et exige de bien diverses interprétations. En toute affection