67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
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Cher Jean Paulhan,La jeune fille aux seins de libellule n’est pas tout près de moi, ce soir, mais j’ai la fièvre, il faut que je vous écrive.
Après avoir lu votre AVIS - préface, c’est banal et trop académique - après avoir réfléchi à ce que vous m’avez dit, je vous confirme que vous avez raison en tous points.
Le Manifeste Fraternaliste alourdirait trop les poëmes. Le publier à part, plus tard,oui, puisque cela vous paraît possible.
Mais, ce qui me paraît, maintenant, essentiel et indispensable, c’est que votre AVIS, sans y changer une virgule, soit le fronton des Étoiles et Bolides.
Je n’ai pas votre texte sous les yeux, je l’ai pas mal, dans ma tête et il y trotte bien mieux qu’un pur sang : cette simplicité qui n’a rien de simple et qui éclaire magistralement le baptistère de la poësie, je l’apercevais à chaque ligne tandis que je vous lisais.
Dire tout, en si peu de mots : quelle merveille et quelle alléchante débandade des prolixes !
Si vous pouviez convaincre Monsieur Gallimard de publier les Étoiles… Quel grand bonheur !...
Je vous ai donné carte blanche et vous remercie encore de tout ce que vous faites pour moi.
Quand reviendra la jeune fille aux seins de libellule, je ne lui dirai pas tout de
Par ce même courrier, j’insiste auprès du directeur de la V.T. [Vie Toulousaine] au sujet du « papier » sur la Résistance.
À bientôt, j’espère, cher ami, la joie de vous revoir.
Je suis en toute affection et toute gratitude vôtre.
P.S : Pendule : Oui, sans toucher aux aiguilles, la sonnerie peut redevenir exacte. C’est très simple mais il faut le montrer.
Si lundi vers 11h vous étiez libre, je viendrais.
Si vous êtes d’accord pour lundi, ne m’écrivez pas.
Sinon, tout autre jour et heure à votre choix, il suffiraa de me faire signe.
Boulogne Vendredi 28 mars 52.