Jean ARABIA
Horloger-Bijoutier
67, rue de Billancourt
BOULOGNE (Seine)
51Votre très intéressant message du 11 lu avec joie, je m’empresse de vous donner quelques précisions sur « La Glorieuse colère ».
Il s’agit d’un premier jet.
Et j’ai coutume de laisser dormir, ce que je nomme mes « morasses poétiques », pour les réveiller beaucoup plus tard, et les habiller alors pour l’inégalable beauté.
Oui, abus – mais des deux coeurs – ne soyez pas inquiet, car j’ai horreur, comme vous, des répétitions – celui sans entraves sera anéanti.
Le « temple [ILLISIBLE] », qui me déplaît fort, à moi aussi, tel quel, peut devenir un joli temple. Vous verrez.
Et cet obscur, tellement aérien, qu’il sera agréable.
J’ai besoin de vous faire cet aveu : j’aime l’éloquence – pas la mauvaise, du cher Verlaine, et comme lui, jusqu’à la rétorsion du cou et l’arrachement sans rémission de la langue – j’aime la belle, celle qui exalte, enhardit et permet l’épanouissement triomphal de nos généreuses passions.
C’est pourquoi la facile grandiloquence m’abuse encore : par le diable, j’arriverai bien à m’en défaire, j’espère !....
Merci, cher ami, de vos si précieuses observations qui m’incitent à travailler, à décanter ; et me poussent, comme le fervent alpiniste, à me jouer des rocs afin d’atteindre – qui sait ? – les hauts sommets de l’inaccessible montagne.
De tout cœur, à vous.
P.S. Je vous joins le poëme : L'Amitié
Avec les fêtes qui approchent je suis encore plus pris que de coutume.
Je n’ai pas eu le temps d’aller voir M. André Bey [Bay], chez Stock, pour lui remettre le manuscrit.
J’espère y aller, tout de même, prochainement, et viendrai vous surprendre rue Sébastien-Bottin.
Je viens d’adresser une lettre à Monsieur Gaston Gallimard, concernant la critique du livre de LA VIE TOULOUSAINE.
Peut-être vous en parlera-t-il ?
Les travaux de la pendule avancent. Je crois, de plus en plus, que j’arriverai au bon résultat escompté. Patience.
Encore vôtre
J. A