Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Arabia à Jean Paulhan, 1951-12-12 Arabia, Jean (1898-1975) 1951-12-12 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1951-12-12 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 91, dossier 096843 – 12 décembre 1951
Français

Jean ARABIA

Horloger-Bijoutier

67, rue de Billancourt

BOULOGNE (Seine)

51
Boulogne Mercredi 12 Décembre
Mon cher Jean Paulhan,

Votre très intéressant message du 11 lu avec joie, je m’empresse de vous donner quelques précisions sur « La Glorieuse colère ».

Il s’agit d’un premier jet.

Et j’ai coutume de laisser dormir, ce que je nomme mes « morasses poétiques », pour les réveiller beaucoup plus tard, et les habiller alors pour l’inégalable beauté.

Oui, abus – mais des deux coeurs – ne soyez pas inquiet, car j’ai horreur, comme vous, des répétitions – celui sans entraves sera anéanti.

Le « temple [ILLISIBLE] », qui me déplaît fort, à moi aussi, tel quel, peut devenir un joli temple. Vous verrez.

Et cet obscur, tellement aérien, qu’il sera agréable.

J’ai besoin de vous faire cet aveu : j’aime l’éloquence ­– pas la mauvaise, du cher Verlaine, et comme lui, jusqu’à la rétorsion du cou et l’arrachement sans rémission de la langue – j’aime la belle, celle qui exalte, enhardit et permet l’épanouissement triomphal de nos généreuses passions.

C’est pourquoi la facile grandiloquence m’abuse encore : par le diable, j’arriverai bien à m’en défaire, j’espère !....

Merci, cher ami, de vos si précieuses observations qui m’incitent à travailler, à décanter ; et me poussent, comme le fervent alpiniste, à me jouer des rocs afin d’atteindre – qui sait ? – les hauts sommets de l’inaccessible montagne.

De tout cœur, à vous.

Jean Arabia

P.S. Je vous joins le poëme : L'Amitié

Avec les fêtes qui approchent je suis encore plus pris que de coutume.

Je n’ai pas eu le temps d’aller voir M. André Bey [Bay], chez Stock, pour lui remettre le manuscrit.

J’espère y aller, tout de même, prochainement, et viendrai vous surprendre rue Sébastien-Bottin.

Je viens d’adresser une lettre à Monsieur Gaston Gallimard, concernant la critique du livre de LA VIE TOULOUSAINE.

Peut-être vous en parlera-t-il ?

Les travaux de la pendule avancent. Je crois, de plus en plus, que j’arriverai au bon résultat escompté. Patience.

Encore vôtre

J. A