Votre lettre est une offense, Monsieur, et vous l’avez voulue telle. Mais rien, d’aucune façon, ne vous autorise à m’offenser.
Il me faut préciser certains points de fait – bien que vous les connaissiez aussi bien que moi !
1°/ ce n’est pas moi, c’est Arland qui a demandé une note sur mon livre à Jean Grenier qui en parlait avec chaleur. J'étais dans votre bureau, et montrais à Dominique le mot enthousiaste que venait de m’écrire Grenier. J'ai remercié Marcel Arland – souhaitant en effet que Grenier parlât de mon livre.
Sept mois se sont écoulés ; un mot de Grenier entretemps me disait que faute de temps (?) il renonçait à cette note ; il ajoutait que mon livre était « le seul livre sur Dostoïevski ».
2°/ Au cours de l’été, j’avais pu voir qu’Henri Rambaud, collaborateur aussi de la NNRF, avait écrit sur mon Dost[oïevski]. trois articles importants dans diverses publications. Je suggérai son nom à Dominique pour suppléer à l’incompréhensible refus recul de Grenier. Vous me dites vous-même avoir, sur ma suggestion, écrit à Rambaud. Il paraît qu’il ne vous a jamais répondu ? …
3/ Six mois se passent encore. A l’occasion d’une conférence je rencontre M. Madaule lequel a écrit un ouvrage important sur Dost., a lu mon livre, m’en dit mille choses intéressantes – Ce n’était pas un collaborateur de votre revue, mais c’était un de ceux – fort rares – qui (parmi les critiques) connaissent Dostoïevski en France. Je proposai son nom à Dominique. Elle vous en fit part et vous avez été d’accord. Sur quoi je
Il a bien voulu faire le papier-
Il vous l’a envoyé.
Vous m’annoncez que vous le lui avez retourné, bien que l’ayant trouvé fort bon.
Je n’ai toujours pas compris pourquoi vous l’avez renvoyé !
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Autre chose :
vous avez employé dans votre lettre les mots étranges : « un papier de complaisance » C'est assez sensationnel !
J'aurais eu, ainsi, de tous les Dostoïevskiens de France, d’Amérique, d’Allemagne, d’Italie etc... près de deux cents articles chaleureux ou enthousiastes « de complaisance » ! M. Madaule, comme Boris de Schoelzer est un des rares, en France, à connaître suffisamment
- Que dites-vous encore ? « Vous avez, dites-vous, obtenu de Madaule qu’il envoie (son article) directement à la revue ».
Quoi ?
Fallait-il, à votre avis, que M. Madaule fût le mien (avis)? Mais il est le critique, et moi le critiqué. Je n’avais à prendre connaissance de son texte que dans la Revue, une fois celle-ci parue.
- Vous consacrez de nombreuses lignes à me rappeler les revues que j’ai dirigées ou les pages littéraires. En effet : moi aussi il m’est arrivé d’avoir des faiblesses, et de déroger aux règles : pour ce qui est des pages littéraires, – qui sont une
Non pas contre.
Tout ceci précisé dans la vérité des faits, il me reste à vous dire, Monsieur, que j’avais été, il y a peu d’années, heureuse de l’amitié imprévue que vous me témoigniez.
Et que j’ignore en vertu de quoi vous avez tenu aujourd’hui à me blesser de manière si grave