Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Dominique Arban à Jean Paulhan, 1954-04-21 Arban, Dominique (1903-1991) 1954-04-21 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1954-04-21 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 92, dossier 020005 – 21 avril 1954
Français
21 avril 54

Votre lettre est une offense, Monsieur, et vous l’avez voulue telle. Mais rien, d’aucune façon, ne vous autorise à m’offenser.

Il me faut préciser certains points de fait – bien que vous les connaissiez aussi bien que moi !

1°/ ce n’est pas moi, c’est Arland qui a demandé une note sur mon livre à Jean Grenier qui en parlait avec chaleur. J'étais dans votre bureau, et montrais à Dominique le mot enthousiaste que venait de m’écrire Grenier. J'ai remercié Marcel Arland – souhaitant en effet que Grenier parlât de mon livre.

Sept mois se sont écoulés ; un mot de Grenier entretemps me disait que faute de temps (?) il renonçait à cette note ; il ajoutait que mon livre était « le seul livre sur Dostoïevski ».

2°/ Au cours de l’été, j’avais pu voir qu’Henri Rambaud, collaborateur aussi de la NNRF, avait écrit sur mon Dost[oïevski]. trois articles importants dans diverses publications. Je suggérai son nom à Dominique pour suppléer à l’incompréhensible refus recul de Grenier. Vous me dites vous-même avoir, sur ma suggestion, écrit à Rambaud. Il paraît qu’il ne vous a jamais répondu ? …

3/ Six mois se passent encore. A l’occasion d’une conférence je rencontre M. Madaule lequel a écrit un ouvrage important sur Dost., a lu mon livre, m’en dit mille choses intéressantes – Ce n’était pas un collaborateur de votre revue, mais c’était un de ceux – fort rares – qui (parmi les critiques) connaissent Dostoïevski en France. Je proposai son nom à Dominique. Elle vous en fit part et vous avez été d’accord. Sur quoi je

téléphonai à Madaule.

Il a bien voulu faire le papier-

Il vous l’a envoyé.

Vous m’annoncez que vous le lui avez retourné, bien que l’ayant trouvé fort bon.

Je n’ai toujours pas compris pourquoi vous l’avez renvoyé !

-

Autre chose :

vous avez employé dans votre lettre les mots étranges : « un papier de complaisance » C'est assez sensationnel !

J'aurais eu, ainsi, de tous les Dostoïevskiens de France, d’Amérique, d’Allemagne, d’Italie etc... près de deux cents articles chaleureux ou enthousiastes « de complaisance » ! M. Madaule, comme Boris de Schoelzer est un des rares, en France, à connaître suffisamment

Dostoïevski pour juger de mon livre.

- Que dites-vous encore ? « Vous avez, dites-vous, obtenu de Madaule qu’il envoie (son article) directement à la revue ».

Quoi ?

Fallait-il, à votre avis, que M. Madaule fût le mien (avis)? Mais il est le critique, et moi le critiqué. Je n’avais à prendre connaissance de son texte que dans la Revue, une fois celle-ci parue.

- Vous consacrez de nombreuses lignes à me rappeler les revues que j’ai dirigées ou les pages littéraires. En effet : moi aussi il m’est arrivé d’avoir des faiblesses, et de déroger aux règles : pour ce qui est des pages littéraires, – qui sont une

page littéraire, celle de Combat, - j’ai toujours dérogé au bénéfice d’une seule et unique personne, Dominique Aury ; et toujours dans le sens de l’amitié !

Non pas contre.

Tout ceci précisé dans la vérité des faits, il me reste à vous dire, Monsieur, que j’avais été, il y a peu d’années, heureuse de l’amitié imprévue que vous me témoigniez.

Et que j’ignore en vertu de quoi vous avez tenu aujourd’hui à me blesser de manière si grave

Dominique Arban