Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1936 Arland, Marcel (1899-1986) 1936 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1936 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1936]
vendredi matin
Cher Jean,

Les préoccupations dont tu me parles sont peu de choses. Si elles étaient graves, oui, je te les dirais : elle le deviendraient moins – mais ta lettre me rend heureux.

Dimanche.

-

Si tu veux bien, je parlerai dans le n° de Janvier de :

Aragon

Raymond Guérin

R. [Rosamond] Lehmann (Intempéries)

Clarisse Francillon

Isabelle Rivière

en chronique.

Mais veux-tu demander une note sur Septembre, de Blanzat ? Je crois qu’il faudrait en parler, parce qu’il y a là un grand effort, et que B. [Blanzat] est sympathique. Mais je ne puis le faire : j’ai l’impression d’une parodie de ce qui me touche le plus. J'en suis ennuyé : B. [Blanzat] me demandait une opinion comme, hélas ! « du plus qualifié de ses juges ». Je vais lui dire que tu avais promis la note à qq. [quelqu'un] d'autre.

J'ai laissé chez toi l’autre jour des poèmes de Hubert Dubois. Il me demandait de te les communiquer. Auras-tu un instant pour lui écrire ; et si tu le fais, veux-tu bien ne pas le désespérer – je le crois très seul, et malade.

J'ai acheté une petite Corona. Elle me semble très bonne : je remercie Germaine de me l’avoir indiquée.

Nous déménagerons à Châtenay à la fin de cette semaine.

Es-tu allé récemment au Louvre ? Les salles de sculpture française, elle aussi, sont arrangées. La peinture, au premier étage, n’en paraît que plus lugubre. Pourtant on peut voir maintenant, dans la grande galerie, le portrait de Jeanne d’Aragon, qui, paraît-il, n’est pas de Raphael, que les bons juges, Janine elle-même, critiquent beaucoup mais qui me ravit, à la limité de la préciosité, du jeu byzantin- à la limite au point de jonction de Raphael et de Gustave Moreau (tu sais ,c’est l’adorable jeune femme en rouge, si amplement accoudée qu’il semble que les vêtements aillent tomber, découvrant un torse aussi ferme, aussi fin, mais plus élégant que celui de Diane de Poitiers dans sa baignoire, de Chantilly.- Est-ce Diane de Poitiers ? Une nourrice, dans l’angle, lui tend un enfant). - Ah ! - et l’on a nettoyé le jeune homme à la statuette, du Bronzino, qui m’a bien fait rêver quand j’écrivais l’Ordre.

Je t’embrasse

Marcel