Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1936-07-27 Arland, Marcel (1899-1986) 1936-07-27 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1936-07-27 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1936]
27 juillet
Cher Jean,

Les Fleurs de T. [Les Fleurs de Tarbes] m’enchantent (je viens de lire la 3ème partie). Je ne cesse de les trouver très belles ; mais je les lis aussi, égoïstement, pour mon propre avantage. - Il m’est bien venu quelques petites objections ; mais je veux attendre la fin avant de te les présenter.

- Le Benda est très bon, dans ses limites et l’orgueil de ses limites.

J'ai lu aussi avec plaisir la partie critique du n°. C'est très vivant (à part la note de Francis sur Kessel ; non que je souhaite un éreintement de K. [Kessel] ; mais, par exemple, qu’on précise ce qu’il y a en lui de force brutale. Ce par quoi il touche ses lecteurs)

Mesures. J'aime bien la Ferme (où l’on sent si bien l’auteur derrière sa phrase), moins la Peur, bien mal écrite. Mais ce ne sont pas deux nouvelles, ce sont deux fragments. Je n’ai fait que parcourir le reste (mais assez pour trouver le n° très plaisant) ; J'ai relu Leiris avec plaisir, et beaucoup goûté Kleist. J'aime beaucoup plus Mesures que Commerce ; c’est moins froid, moins snob ; on y trouve moins de recherche, et plus de recherches.

*

Tu savais sans doute que le mot tennis est une corruption du français : tenez. Je l’ai appris aujourd’hui. Mais savais-tu qu’il existait, qu’il existe encore dans quelques villages un jeu d’enfants que l’on appelle le Tenez. J'y ai joué autrefois. On place un petit bâton en équilibre sur un piquet, comme ceci.

Un enfant, avec un gros bâton, frappe sur l’extrémité du petit, qui s’élance ; d’autres enfants, à quelques mètres, doivent le recevoir sur leur bâton et le lancer à moins d’un mètre du piquet (que le premier joueur ne cesse de garder). Or quand le premier joueur frappe, il crie : « Tenez ». - C'est seulement aujourd’hui, en entendant jouer des enfants, que je me suis rendu compte que l’on criait : « Tenez ». En réalité, ils ne savent pas ce qu’ils crient ainsi ; ils prononcent (et je prononçais) : Tennêe !

*

Je resterai à Varennes jusqu’au 10 aout. Es-tu ennuyé de rester à Châtenay ? N'y a-t-il rien de grave ? Est-ce que je ne pourrais pas t’être « utile » ? - Excuse-moi, je te prie, de te le demander.

Je travaille assez régulièrement (mes nouvelles et quelques projets).

À toi

M.