ILE DE PORT-CROS. VAR
Si le mot ami n’a pas de sens, ou un sens si lâche, pourquoi t’en sers-tu comme d’un argument ? (Et puis je ne suis pas du tout sûr de l’avoir, même en ce sens, employé à l’égard de Crevel)
je n’ai pas voulu dire qu’entre Cr. [Crevel]l et J. [Jouhandeau] il y ait jamais eu de rapports sexuels (je n’en sais rien ; cela ne me regarde pas) ; mais que l’on ne pouvait lire (et pas moi seulement) cet article sans songer à je ne sais quelle connivence sexuelle.
L' « importance » de C. [Crevel] ? Je ne sais pas ; je ne suis pas au courant, mais autour de cette misérable mort, on a mené (par exemple au congrès de la culture) une sinistre, une odieuse bouffonnerie. Et précisément les articles de J. [Jouhandeau] et de Breton prolongent, aggravent encore la farce.
Tu me dis : « Naturellement tu as fait taire tout ressentiment personnel... » Etait-il tout à fait nécessaire de me le dire ? Je n’ai jamais dit un mot contre Crevel. Mais il ne s’agit pas ici de C.[Crevel] ; il s’agit d’une répugnante pitrerie où des éléments nobles sont appelés au secours d’éléments assez bas.
Quant à Crevel, j’ai eu autrefois pour lui un peu plus de sympathie que je n’en eu ensuite. Mais je n’ai jamais changé d’opinions sur lui, je n’ai jamais eu pour lui la moindre estime.
Quand on peut se plaindre de quelqu’un, il est élégant de se taire. Trop facilement élégant ; ici, il m’était plus malaisé de parler.