Le jeune homme dont j’ai parlé à Germaine est en Suisse. C'est un de mes anciens élèves du Montcel. Il a 20 ans, il est bachelier philo-Math ; deux ans d’études de médecine ; il parle l’anglais et l’espagnol aussi bien que le français. Il est débarrassé du service militaire. Américain du sud de naissance, mais formation toute française. C'est un des caractères les plus droits que je connaisse, ferme et sensible. Une très belle intelligence. Très fier ; très courageux... Voici sa dernière lettre.
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Le dernier n° de la revue est très intéressant. Je me suis demandé un instant si Artaud avait vu le ttableau dont il parlait (la description qu’il en donne est insensée) ; et, bien entendu, ce bégayement mélodramatique, cette ignorance, ce sous-Aragonnage me gênent, mais enfin il avait qqch. [quelque chose] à dire, et tu as bien fait de publier cet article.
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Amitiés à Marceline et Marcel Henry ; quand viendront-ils au Couvent ? S'ils neme le faisaient dire par Germaine lundi ? Je passerai à la revue vers 6 heures – 6h 1/2/
De savoir que tu travailles bien m’encourage à travailler moi-même
J'ai relu quelques pages de Goethe (pas assez, bien entendu, pour en parler décemment). Mais si je devais en parler, j’intitulerais mon article Contre Goethe, où plutôt contre le Goethe que l’on célèbre aujourd’hui, et qui, s’il n’a pas écrit Oedipe, c’est qu’il n’avait pas le temps
- Moi aussi, j’ai beaucoup aimé Pan, voilà dix ans. Je viens d’en relire 100 pages (les dernières) ; j’ai vieilli.
- Je regarde parfois l’album des Segonzac, que tu m’as donné. J'en éprouve un grand plaisir.
Je reçois le livre d’Hellens avec une carte : absent de Paris. J'avais rencontré H. [Hellens] le jour même de son service de presse. - Pauvre homme
Je crains que nous ne nous soyons montrés un peu froids pour le roman de Fernandez. Es-tu sûr que le roman de Bloch vaille mieux
Il y a, de Lucas de Leyde, deux ttableaux beaucoup plus beaux que celui du Louvres. L'un, à Florence, qui représente le Christ dans une sorte de [cerne]; entouré des instruments symboliques de la passion (je t’en montrerai une photo) ; l’autre, à Leyde, qui représente le jugement dernier. - Pourquoi diable H. [Hellens] appelle-t-il « primitif » cet homme du 16ème siècle, d’un art si savant ? Et où va-t-il chercher tous les personnages qu’il voit dans la toile, alors qu’il n’y en a que 3, comme dans la Bible et dans Musset : Loth et ses deux filles non mariées ? - Ce qu’il dit du théâtre grec est une belle image, mais valable pour Eschyle seul. - Je n’ai pu cesser de penser, en lisant cet article, qu’H [Hellens] était acteur. Mais Germaine me dit que lui même l’a pensé. Voilà qui répare.
Reçu qqs. [quelques] lettres pour Antarès : mais je voudrais que tu me fasses part des critiques qu’il peut te revenir