Je rouvre ma lettre. - Il n’est pas impossible que nous habitions Châtenay (à la Vallée aux Loups). C'est loin d’être assuré ; mais je garde un espoir.
non, tu ne m’avais pas blessé (tu ne m’as blessé qu’une fois, voilà un peu plus d’un an, quand tu as appelé « grossièreté » le ton et les mots peut-être sots, mais certes non pas inamicaux, que j’avais eus pour toi, qqs. [quelques] jours avant). Et j’ai moi-même un peu souri de ma défense (de mon panégyrique). Pourtant je n’étais pas content de ce que tu me disais au sujet de la note de Malraux.
Tu as raison : la nrf fait moins de courbettes, de sourires, de concessions qu’autrefois ; et tu as raison : elle est tout aussi jeune, et, je crois, davantage. J'avais parlé à la légère, et un peu pour te faire protester.
Tu as raison encore (trouve ton châtiment dans ces éloges de ton bon sens) : c’était ainsi que j’aurais dû t’écrire, voilà six mois. Je suis un peu effrayé, cher Jean, par la connaissance exacte que tu possèdes de ce qu’il faut dire, et ne pas dire.
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Nous cherchons une maison, depuis 1 mois, presque chaque jour. Nous en avons découvert une à Châtenay (mais elle est trop chère) et une à Saulx les Chartreux, près de Palaiseau
Revenez-vous bientôt ?
Veux-tu me donner l’adresse de F.P [François-Paul] Alibert ? C'est un critique italien qui me la demande.
Je relis, pour la 4ème ou 5ème fois, Le Forçat et Gravitations. C'est vraiment beau. Il y a vraiment un « chant Supervielle » - Ce n’est pas une découverte, bien entendu ; je veux dire que ce chant me paraît de plus en plus durable
Je ne suis pas de ton avis au sujet des romans de Bloch, et de ce que tu appelles sa « grandeur ». Je suis frappé par sa perpétuelle indécence.
Chardonne vient au Couvent demain ; j’ai lu son livre sur épreuves. Il n’est rien de lui que je préfère à ces pages. Pourtant une bonne moitié m’en révoltent (par exemple ce qu’il dit de l’amour). Mais c’est sa figure, non point ses paroles, qui me touche.