je ne viendrai pas à Paris lundi ; ne compte donc pas sur moi.
Je t’ai montré une dépêche de Grasset, que j’avais reçue au Montcel. Mais, bien entendu, il en avait envoyé une au Couvent, et une troisième rue Marbeuf. - Je n’ai pu résister. Grasset m’a dit qu’il avait la conviction que j’étais un des hommes d’aujourd’hui ; je lui ai avoué que je la partageais. Maurois m’a dit qu’il avait été très peiné en lisant ma note sur Climat, car1° il m’aimait et 2° il savait certes mieux que tous, et il allait me le montrer, qu’il n’y avait pas d’habileté dans son livre ; en effet il me le montra. Bédier (charmante tête de vieillard paysan, qui me rappela celle de mon grand’père) me dit qu’il avait jadis publié des Etudes critiques, ce qui devait donc nous mettre à l’aise l’un à l’égard de l’autre. - « Vous connaissez Arland, monsieur Strowsky ? - Je le connais depuis l’époque où il écrivait Aimée. » Toute l’attitude de Bordeaux ne cessa pas un instant de me réserver un fauteuil académique. Enfin M. Millerand (on l’appelait M. le Président, et j’avais d’abord cru qu’il était président de tribunal ou de salle des ventes) me déclara que les vieux ascenseurs étaient les meilleurs.
Joins à ce beau monde trois secrétaires de Grasset, qui, entre chaque service, exécutaient un pas de danse ou poussaient un éclat de rire, et une jeune fille, nièce de Grasset, qui appelait Maurois : « André », et que j’aurais aimé à fesser.
Tu me demanderas pourquoi je suis allé dans ce milieu. Mais Grasset m’avait vraiment attendri (« Nous avons les mêmes idées ; je le dis demain dans le Temps) ; puis je voulais me prouver que... Mais rassure-toi : je fus sinistre et gêneur à souhait.