Ta lettre m’a très durement blessé, ou plus exactement fait de la peine. Si tu étais mon ami, tu ne pourrais croire, tu ne pourrais admettre un instant que je puisse te parler « grossièrement » ; - qu’il soit plus grossier de t’appeler : homme de mauvaise foi, que calomniateur de t’appeler : criminel, - et qu’une plaisanterie puisse être lourde si elle part d’un coeur amical, si elle n’est qu’amitié, si elle ne peut exister adressée à un autre qu’un ami. (« Votre mauvaise foi, monsieur Benda... »). - J'ajoute qu’il m’était plus d’une fois arrivé de te dire : « Ton incroyable, ton épouvantage mauvaise foi, » faisant allusion au plaisir que tu prends parfois à contredire, à soutenir un paradoxe, à raisonner sophistiquement, - par jeu. Sans doute alors déjà estimais-tu que je parlais sans décence. Mais c’était pousser trop loin la politesse, que de ne pas m’en faire la remarque.