Vous attachez trop d’importance à l’ « incident Valéry ». j’ai essayé de vous répondre aussi franchement que j’ai pu. Ai-je dit que vous m’aviez semblé comique en lisant Valéry à Marcel Henry ? J'ai donc mal su m’exprimer. Le fait que vous ayez lu Valéry, près du paratonnerre (et je crois qu’il ne faisait pas très bon) m’a paru amusant, m’a fait sourire de bon coeur. Et il est évident que c’est la seule forme de « comique » (pour reprendre un mot qui ne convient pas) sous laquelle je puis vous voir (et non pas un comique qui me soit désagréable ou qui vous diminue à mes yeux).
Cependant je vous ai donné ce fait plaisant comme une des excuses de ma mauvaise humeur. Je me suis sans doute trompé : ce n’en était qu’un prétexte. Quant aux causes vérittables de cette humeur (que je regrette vivement, puisque vous lui avez attribué quelque importance) c’est d’abord je vous l’ai dit, que je craignais de vous gêner en restant à Port-Cros, puis : qu’en admettant par instants cette gêne comme vérittable, je vous reprochais de l’avoir ; puis : que je me reprochais de l’admettre. De plus (car ceci n’est pas tout à fait la même chose) je craignais de vous ennuyer, je me reprochais (non, j’étais mécontent) de n’avoir aucune conversation, aucun côté plaisant. Sans doute encore étais-je gêné de vous avoir entendu attaquer Malraux assez vivement. Gêné peut-être aussi que nous ayons été trop souvent « littérateurs » (quand j’y repense certaines conversations avec Gaillard ou certaines attitudes, et surtout la journée de Marseille, me dégoûtent)...
Si vous pensez que mes derniers Voyages à Paris peuvent paraître, renvoyez-les moi en me montrant d’un trait ce que je peux en rayer, ou en omettre.