Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1926-09-06 Arland, Marcel (1899-1986) 1926-09-06 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1926-09-06 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 92, dossier 095001 – 6 septembre 1926
Français

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Pensez quelquefois à moi, avec amitié. Je sens très nettement quand on pense à moi, et comment on y pense.

J'espère que vous allez mieux.

Varennes

Haute Marne

jeudi 6-20 septembre [1926] mon cher ami

J'irai revoir les Grunenwald ce mois-ci. Après tout, voilà assez longtemps que je ne les ai vus, et je ne tiens qu’à un très petit nombre d’opinions.

«  Les Nouv. L. [Nouvelles littéraires] ont annoncé que j’étais décoré, mais ce n’est pas vrai. Je n’en suis même pas encore à l’interview avec Lefèvre. » Je vous fais remarquer que je ne vous ai pas félicité de votre décoration, que je connaissais. Il ne me semble ni bien ni mal, que vous soyez décoré ; cela me semble amusant. J'ajoute qu’au point de vue des donneurs de décoration, cela me semble juste. Quant à l’interview de Lefèvre, vous auriez dû penser, avant d’en parler, que j’en étais là, moi. Si vous jugez que j’ai mal fait, vous auriez me le dire ; je ne l’aurais pas fait.

Le même Lefèvre m’a donné il y a 1 mois un petit livre qu’il a consacré à Bernanos, à Gide, à quel au roman et à lui-même. Il m’a demandé si on ne pourrait pas en parler dans la nrf. On, c’était moi. Cela ne m’amuse pas ; mais Lefèvre m’attendrit. Si je faisais cette note, ce serait pour parler non du livre même, mais de quelques unes de ses propositions. Mais dois-je en parler ? D'autant plus que cet interview, que vous me reprochez, doit paraître dans la prochaine série de l’interviewer. Tranchez ce cas de conscience, s’il vous plaît.

Le Journal de SalavinJournal de Salavin est le troisième volume — d'une série de cinq — écrit en 1927 par Georges Duhamel dans le cycle Vie et aventures de Salavin.. Cela m’a beaucoup intéressé, cela m’a parfois charmé, – cela ne m’a pas ému. J'ai trop senti la fabrication, la bonne fabrication. D'autant que maintenant, cela devient vraiment de l’ouvrage de série. J'étais prêt pourtant à admirer pleinement cette œuvre, puisque Duhamel avait mal accueilli ma critique. Et en effet, je l’ai goûtée, je le sujet me semblait présager une merveille. Mais, à seconde réflexion, cela m’a surtout paru le travail d’un bon maître.

La phrase de Gide que je vous avais signalée comme étant loin d’être nouvelle (confession et roman), je viens de la retrouver dans la N.R.F. du 1e juin 1919, page 134, sous la plume de Thibaudet, naturellement.

Je suis à Varennes, je pêche un peu aux écrevisses, je me baigne dans des ruisseaux de 50 cm de profondeur. Je travaille assez rudement.

Le reproche que je fais au Journal de Salavin. Je m’étais indigné de l’entendre faire cette année par Crémieux. Pourtant la Pierre d’Horeb m’avait déjà un peu inquiété. Et si je fais ouvertement ce reproche c’est q le sujet, le sujet de Salavin ne supportait pas d’être traité en littérateur ; il ne supportait qu’une pureté d’inspiration « absolue ». L'ouvrage de Duhamel sonne creux.

Est-ce que Intérieurs pourra passer en novembre ? Je pense que le livre paraîtra vers le 15 nov.

Je vous renvoie Défaut du langage, non que je n’y tienne pas, mais parce que je crains de vous en priver et que je souhaite de le voir publier. Cela m’a plu tout à fait ; je ne l’ai gardé si longtemps que parce que je cherchais des objections. Mais je n’en peux trouver. Je désire très ardemment voir le livre entier, car ce n’est là, n’est-ce pas, qu’un fragment. Je sens bien que c’est l’ensemble du livre, qui entraînera de moi une complète adhésion, ou des réserves. (Une remarque pourtant : il me semble que vous abusez (ici) des formes impersonnelles : « il est possible », « il serait peu », « il est un reproche », « il suffit bien », « il n’est pas douteux », etc...)

J'ai terminé « le Voyageur sur la Terre », lu une nouvelle de Green dans le Roseau d’or, et relu Mont-Cinère. Je crois que Green ne me touchera jamais, que par l’habileté et, le talent et pour être juste, les dons de métier.

Je rentrerai sans faute à Paris au commencement d’octobre –, hélas !

Votre ami m. arland

J'ai enlevé Maternité des Âmes en peine. L'histoire était vraie, et mon frère m’a demandé de la retirer, à cause des gens de Varennes, et de l’ennui que ma mère en aurait eu. Editée en luxe, on ne la lira pas.

Malraux me conseille de supprimer dans : Un homme de peu, l’histoire des 100 f reçus en trop et considérés comme un vol par celui qui les reçoit. Qu'en pensez-vous ? Mais cela doit être loin de votre esprit.

Je viens de relire quelques anciens nos de la nrf. Il y avait dans La Revue des Revues ou les Echos en avaient un intérêt, une « combativité », qu’ils n’ont plus guère aujourd’hui.