Il a pu arriver, autrefois, que telle de tes lettres ait été « surprise » par France. Je m’en suis fâché. Je lui ai parlé nettement. Je ne lui laisse lire, à l’occasion, que celles où tu parles de la revue d’une façon qui intéresse son propre rôle, je veux dire (de secrétaire et d’auteur de notes en notules). - Rien d’autre. Je ne lui ai pas communiqué la lettre où tu me parlais de son roman.
-
J’en viens à ce roman. Tu me prêtes des sentiments, une attitude et des intentions qui me blessent.
1° : Je sais, ou crois savoir, ce que c’est que l’amour. Je n’aime pas plus France qu’elle ne m’aime. Je croyais m’être expliqué là-dessus auprès de toi : d’où vient que tu n’en tiennes aucun compte.
2° : Je t’ai déclaré, avant-hier, que je jugeais le roman de France exactement, ou presque, comme tu le fais toi-même. Claire à travers l’image que je me fais (?) de France?
3° : Comment peux-tu songer que, même si j’avais pour Fr. [France] cent fois plus d’affection et d’indulgence que je n’en ai, je songerais, moi, un seul instant, à la favoriser ? Comment peux-tu croire que, si j’hésite à propos de Landolfi,c’est dans l’espoir que Claire pourrait être substitué au roman de Landolfi ?
- Ai-je mérité ce rappel à l’ordre, cette leçon de morale ? Ne me suis-je pas toujours montré beaucoup plus sévère envers mes amis (mettons Duvignaud, ou Clara ou...) que tu ne l’étais toi-même.
Je tire de tout cela une conclusion pratique. C’est que je vais dire à France que les sentiments et l’attitude que l’on me prête à son endroit (toi le premier) ne permettent plus sa présence à la revue.
Laisse-moi quelques heures pour songer à d’autres conclusions, qu’appelle aussi
Je t’embrasse
Je te répondrai sur les autres points de ta lettre. Je suis là-dessus plus d’accord avec toi que tu ne l’es toi-même.