Si, jeudi, ma réaction à ta lettre a été trop vive, je te prie de m’en excuser. Je reviens sur cette lettre, plus calmement.
Non, pas un instant, je n’avais établi de rapports entre Landolfi et Claire. Je ne suis pas fou du roman de Landolfi ; mais, si nous le [coupons?] attentivement, ce sera une oeuvre charmante et c’est un nom honorable. Simplement 1° : je préfèrerais un roman français de même qualité ; 2° il va nous gêner pour publier en même temps d’autres oeuvre étrangères, qui attendent (Lorca, Heidegger...). Mais enfin, faute de mieux, je suis d’avis de le publier. J’aimerais bien l’avis de Dominique A. [Aury] Janine, qui l’a lu, et qui représente un bon public, même un public assez exigeant, pense à peu près comme moi – et comme toi.
Claire. Là aussi, mon sentiment est très proche du tien. On ne peut dire
Avant qu’elle le recopiât, c’est-à-dire quand j’espérais encore qu’elle ferait un vrai travail, il m’est arrivé de penser que nous pourrions en donner un fragment dans la revue. Peut-être n’y aurais-je pas pensé, si tu n’y avais pensé toi-même, si tu ne me l’avais dit, et à elle. Mais je crois que tu as tout à fait raison quand tu dis que, le roman fût-il mille fois meilleur, il conviendrait encore de n’en rien publier dans la revue.
[page manquante?]
qu’il énonce, je les ai vingt fois jetés sur mes papiers, sur mes carnets. Je me proposais même, au début de l’été, avant d’avoir lu cette lettre, de les exprimer dans une chronique libre. Publions donc cette lettre, et tenons-en compte, d’abord tous deux, puis gagnons nos amis, nos collaborateurs. Allumons un esprit de foi et de dévouement, une volonté de servir (que d’actions nécessaires pour effacer la confusion de ces mots !)
Je regrette que la N.R.F ne publie pas le poème de Larronde – quelques réserves qu’il m’inspire. Mais le donner en tête ? Je maintiens mon objection. (N’avais-tu pas projeté toi-même de le publier au milieu de la revue?)
Nous avons ainsi parlé une dizaine de minutes. Puis, le lendemain, j’ai posé une petite lettre sur son bureau. A peu près ceci : « Très ennuyé que la revue ne marche pas, matériellement. Mais d’abord pourquoi souhaitée dans la maison. Vous savez ce que nous y mettons de nous-mêmes. Si la revue ne devait pas trouver une totale adhésion (dans la maison) je préférerais ne plus m’en occuper du tout ».
C’est à la suite de cette lettre qu’il est venu me dire, fort gentiment, que je méritais parfois d’être grondé.
- Petit problème : si nous nous soucions trop du public, nous trahissons notre rôle. Si nous ne nous en soucions pas assez, la revue tombe et le rôle ne peut être exercé. - Cela ne doit pas être insoluble.
Je t’embrasse
Une des amertumes de G [Gaston] : c’est que la publicité faite sur les textes de Malraux n’a rien donné. Et là-dessus il signalait le prestige (et la vente) de Camus.