Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1952-07-06 Arland, Marcel (1899-1986) 1952-07-06 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1952-07-06 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

BRINVILLE

PAR PONTHIERRY (S. & M.)

TEL. 2, ST SAUVEUR-SUR-ECOLE

ByrowdEcrit de la main de Paulhan

6 juillet 52
Cher Jean,

je te renvoie la lettre. Oui, mais qui est M. Desgranges (ai-je bien lu la signature ?) - Malraux me disait que les mauvaises réactions, provoquées par ta Lettre, sont sans importance. Mais il était furieux parce que tel journal avait mal réagi à son dernier discours.

La Croix de la Haute-Marne écrit, à mon sujet : « Nous mettrions seulement quelque sourdine à ses accents admiratifs pour tel ou tel de ses collègues de l’équipe Gallimard, Jean Paulhan par exemple, l’écrivain qui trouve Sade chaste et pudique, et réduit la poésie en équations algébriques. » C’est bien fâcheux. Ma mère, qui lit La Croix et, quand elle est à Paris, le Figaro, m’avait déjà fait quelques perfides allusions.

Plein accord sur les projets nrf. Mais toi, ne prendras-tu pas une chronique ? Et laquelle ? (Ce serait tellement utile).

Oui, Duvignaud, très surveillé, pourrait tenir la chronique du théâtre. C’est un garçon vraiment digne d’estime et de sympathie. Et il se trouve qu’il se passionne en ce moment pour le théâtre (ou d’ailleurs il peut mieux réussir que dans le roman). Il est parfaitement loyal, généreux, et peut être guidé. Et nous pourrons lui dire, après essai : « Cela ne va pas. »

Mandiargues très bien pour la curiosité du mois.

Oui, pour commencer, pas d’Air du mois, c’est usé.

As-tu songé à Audiberti ? Le cinéma ? Une chronique libre (promenades, rencontres, [Cent jours?]...). Ces chroniques libres pourraient remplacer l’Air du mois.

Mais je ne vois encore personne pour la peinture... Bazaine ? Mais un peintre est partial et limité. Tardieu ? Mais il n’osera pas.

Pour le 1er n°, oui, Montherlant, Breton et Michaux, ce serait bien équilibré (je parlerai à Montherlant). Et puis tu as, je crois, des poèmes de Léger, et la nouvelle de Supervielle, un texte de Malraux serait souhaitable. Je ne dis pas : tout cela pour le 1er n°. Et il faudrait au moins un jeune, du moins plus jeune : une nouvelle de Devaulx, ou de P. Gascar [Pierre Gascar] (je t’ai parlé des excellentes nouvelles qu’il a remises à G.G [Gaston Gallimard] et qui seront sans doute publiées en automne) ; Thomas, Tardieu, Dhôtel....

Le récit nègre de Queneau me semble convenir (en principe) pour un peu plus tard.

Tiens-tu toujours à un texte ancien (peu connu ou inconnu) ?

Résumons. Pour les 2 ou 3 premiers nos :

Gide – texte inédit

Valéry – idem

Malraux – art

Montherlant - « moi »

Breton « Je disais »

Michaux « L’étrange pays »

Léger – poèmes

Supervielle – nouvelles

Devaulx – idem

Gascar – idem

Dhôtel – roman?

Giono – roman

Grosjean – poèmes

Thomas – idem

Jaccottet – idem

Claudel « moi et Dieu »

- Camus et Char, s’ils ne dirigent pas une autre revue.

- Chardonne, « Propos » (ce pourrait être, de loin en loin, une chronique libre)

Textes anciens, Constant puis d’autres.

Je crois qu’il faut développer les chroniques libres : Audiberti, Chardonne, Jouhandeau, Léautaud... C’est une formule nouvelle (assez) et qui répond bien à l’époque, comme à ce que nous voulons tirer de l’époque.

Et les notes ?

A mardi, je t’embrasse.

M.