Mon cher ami
Je suis très content que vous pensiez à moi, à ma santé, à ce que j'écris. Je vais mieux que cet hiver sans être complètement remis, mes maux s'aggravant avec l'âge. Supplémentairement [sic], j'ai eu un flux d'oreille il y a trois mois et l'othorino a découvert qu'ayant eu au berceau une otite double passée inaperçue, j'avais maintenant une lésion des deux rochers. J'ai décliné son offre de trépanation, mais comme je lui voyais une grande envie de se dépenser, je n'ai pas osé refuser une petite opération de la cloison du nez, qui me bouchait la narine gauche. J'ai maintenant la narine libre, ce qui est agréable, mais il semble bien que l'autre
soit obstruée. Il me semble que si l'Algérie était libre, je me sentirais en meilleur état. Je ne vous demande pas de vos nouvelles. Je vous vois toujours tel que vous m'êtes apparu rue de Grenelle, il y a 29 ans, me demandant ce que j'avais lu.
Je n'ai pas beaucoup écrit et mal, car je recommence pour la troisième fois un premier tiers de roman, ce qui ne m'est jamais arrivé. Pour l'instant, je transpire sur une préface à un Rabelais, que m'a demandé René Groos pour les Éditions Nationales. Je n'ai pas osé lui dire non parce qu'il m'a rappelé qu'il avait été le premier à parler de mon premier livre dans les 13 de l'
Si j'écris quelque chose de convenable, je vous l'enverrai.