Je suis fort en retard avec vous. Je n'ai pas vu encore de joint pour le transport de la 
Je n'ai pas reçu "Charmes"Charmes, Paul Valéry, 1922.Variété, Paul Valéry, essais en 5 volumes 1924-1944.Les Faux-monnayeurs d'André Gide, publié en 1925 dans la NRF.
J'ai lu aussi d'autre part l'ImmoralisteL'Immoraliste, André Gide, 1902.
Dans les Faux-Monnayeurs il y a des pages admirables. Je n'aime pas le roman, j'entends le roman présenté par ce livre. Gide est un 
Les voleurs et les assassins sont, pour la majorité, asymétriques de face et quelquefois de muscle malgré leur force souvent athlétique. J'ai vu de nombreuses planches photographiques faisant ressortir nettement ces tares dans ce milieu ou plutôt chez les êtres à demi prédestinés d nature), plus exactement forme des non prédestinés au vol et à l'assassinat par 
J'ai tiré une parenthèse un peu longue sur ce point spécial où cependant A. G. prend souvent position.
Littérairement je tiens l'immoraliste pour un chef d'œuvre. Le style de Gide est là aussi limpide que ce silence qu'il goûta à travers quelque nuit africaine. L'analyse psychologique y est d'une fermeté sans défaillance
Je ne dirai pas qu'il y a là le cynisme mais la ferveur d'une confession 
Voilà où vous m'entraînez cher ami, en me demandant mon opinion sur les livres que vous m'adressez ! Opinion de sauvage, certe.
prenez ces lignes comme un mode amical de passer quelques moments avec vous.
Paul Valéry est un grand mandarin, en dépouillant le mot de tout sens péjoratif occidental, en lui donnant son sens profond chinois. L'on pourrait dire que ses vers sont parfaits si, à juste titre, la perfection n'était une atmosphère peu respirable au gré même de ce grand poète. Comme il est attachant ! Quelle belle rigueur obstinée a mené sa vie. Il réalise en moi le miracle de me réconcilier avec Narcisse. Je préfère ce double délicieux à la servante de Molière. Il n'y a point de fatuité là où ressort la certitude de la beauté.
"Ne cherchez pas en vous, n'allez surprendre aux cieux,
 Le malheur d'être une merveille :
 Trouvez dans la fontaine un corps délicieux."
La méthode de Léonard de VinciIntroduction à la méthode de Léonard de Vinci, Paul Valéry, 1895.
Je vous sers tout ceci à bâtons rompus. Vous fûtes diabolique dans cette courte phrase : "Vous me direz ce que vous en pensez, n'est-ce pas ?"
Je ne peux d'ailleurs vous dire qu'un peu de ce que j'en pense car je me suis plongé dans cette lecture et elle a éveillé en moi une infinité de résonnances. Quels ressorts secrets dans ces écrits. Avec quels éléments magiques le poète à refait d'Éloa ou la chute d'un ange dans l'ébauche d'un serpent – une fois la transposition faite du sentiment à la pensée, quel souffle racinien aère les strophes magnifiques de la Pythie. À mon 
Le cimetière marinLe Cimetière Marin, Paul Valéry, 1920.
Valéry tient certes de Zénon si l'on voulait prétendre qu'il raisonne de tout avec justesse mais Valéry se garde de prétendre à cela qui le déterminerait très fort. Il sait toucher à tout et il est plaisant de voir à la rubrique bibliographie de quelques revues contemporaines, combien d'esprits les plus divers : savants, philosophes ou religieux se sont pris à l'étudier chacun sous l'aspect de la recherche. Plaisant ? Parce que P. Valéry semble par avance leur tirer ingénument la langue, (ingénument signifie avec la plus exquise malice) dans ces vers :
Ni lu ni compris ?
 Aux meilleurs esprits
 que d'erreurs permises !
Ni vu ni connu
 Le temps d'un sein nu
 Entre deux chemises
Pour ma part, je me délecte à le suivre à travers lui-même par les clartés et les seules clartés qu'il veut bien me donner et comme elles sont concises.
Les plus grands ont à prendre garde et prennent-ils garde, ils ne peuvent pas se défendre de n'être pas un peu autre chose que ce qu'ils voulaient être absolument. Il y a un éclatant lyrisme dans telles strophes de la Pythie et dans des passages de l'Air de Sémiramis. Est-ce un travers ? Il s'égale aux plus grands lyriques et je ne vois pas que le lyrisme ait été condamné, fût-ce par Valéry lui-même, parce qu'il suspecte l'enthousiasme comme générateur d'œuvres de génie.
Vraiment me voici tout près d'imiter les autres, je me laisserais aller à faire une longue étude de ce grand contemporain et c'est à peine si j'ai lu quelques 300 pages de lui.
Son Cantique des Colonnes est un édifice de sagesse et de volupté. Je suis sûr que vous m'entendez, je ne cultive pas l'antithèse. Je ne sais pas d'écrit où la loi, la ligne, l'art aient été parés de plus de charme et de beauté pure.
L'élégance et la grâce attiques jointes à la plus inébranlable solidité.
En un mot P. Valéry a de prodigieuses qualités et ce bagage au lieu de le rendre haïssable comme il pourrait advenir le rendent, pour moi, infiniment aimable. Je ne crois pas qu'il veuille s'identifier à Narcisse au point de souffrir que d'autres que lui-même trouvent sa forme délicieuse sauf La Fontaine. Il répudie par avance en maint endroit l'hommage du vulgaire et rejette les gros sous de la renommée. N'a-t-il pas accepté avec raison que l'Académie donnât à sa tâche la seule consécration qu'il était socialement possible de lui concéder ? Je le suis pas à pas quand il disserte sur La Fontaine et je l'applaudis de tout cœur car sa dissertation sur La Fontaine est dessinée avec sa vie et son 
Ma femme va écrire à Madame Paulhan