Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Julien Benda à Jean Paulhan, 1935 Benda, Julien (1867-1956) 1935 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1935 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1935]

J’envoie le double à Paillart [encadré au crayon rouge en haut de la feuille]

Eleuthériana.

Job pleure à la pensée que, si l’on frappait Mussolini (J[ean]-R[ichard] Bloch ds un article de l’œuvre intitulé : « Pas un coup de canon ! »), on frapperait le peuple italien qui est bon, qui traverse une crise de démence dont il se remettra si on lui laisse le temps.

Ne tuez pas ce chien enragé qui va vous mordre ! Job vous assure que, dans dix ans, il sera guéri.

Basile s’esclaffe du bellicisme des pacifistes .. Les voilà qui, pour sauver la paix, veulent faire la guerre.

Figurez-vous, Basile, que, pour faire lâcher prise à un apache, cet homme qui se dit « gardien de la paix » a tiré sur lui un coup de révolver ..

- C’est votre Société des Nations d’où vient tout le mal. Sans elle, l’Italie réglerait ses comptes seule à seule avec l’Erythrée, comme nous le fîmes avec l’Algérie, l’Angleterre avec l’Inde, et le monde ne serait pas en feu.

[marge de droite , encadré au crayon rouge] L[éon] Daudet

- Mais oui, Nestor. Et au diable foin de nos tribunaux, de nos juges, nos lois, de notre « moralisme » ! Sans eux, un Stavisky s’expliquerait en champ clos avec son gibier, et nous n’aurions pas de ces déplorables « affaires », qui jettent la moitié de la France contre l’autre.

« Puisqu’on finit toujours par négocier, explique Pamphile au condottiere romain, pourquoi ne pas commencer par là, au lieu de partir en guerre ?. »

[marge de gauche, encadré au crayon rouge] W[ladimir] d’Ormesson ds Figaro

Comme si on négociait sur le même ton après Iéna ou après Sedan.

Voilà pourtant ce que fait écrire l’esprit de conciliation.

Pamphile écrit encore : « A deux reprises, la S.D.N. [Société des Nations] a trouvé moyen de ne point appliquer les sanctions, alors que son statut le lui commandait. Pourquoi ne ferait-elle pas encore de même ? »

Pourquoi ? Mais parce que, ayant manqué deux fois à mon devoir, il peut arriver, Pamphile, que je n’y veuille pas manquer une fois de plus.

Julien Benda.

Voilà. Et modifiez à votre gré [bas de page, encadré, au crayon rouge]