je ne sais plus quoi lire et n’ai-je pas lu tous les qq [quelques] livres qui m’entourent. Et pourrais-je lire autre chose q [que] ce q [que] désire ma fantaisie, comme un malade ne mange q’ [qu’] un soupçon du fruit le plus juteux ou suce un petit morceau de glace. Ne suis-je pas malade malade à être déjà mort à votre vie et j’aurais goût d’un livre inconnu inattendu, de quel livre grand Dieu ! et j’aurais envie aussi d’un livre q [que] je ne trouve pas : les poésies de Whitman traduites pas Gide
Qu’ai-je fait aux uns et aux autres pour me trouver seul au moment toujour [toujours] le plus angoissé, q’ [qu’] ai-je fait pour ne plus pouvoir écrire ce q [qui] m’oppresse je n’ai plus un ami je n’ai plus un seul correspondant, même lointain dont on ignore le visage, à q [qui] l’on [rature] [crie?] comme devant le désert. Q’ [Qu’] ai-je fait ? Je le sais je vous ai trop aimé et je n’ai pas plié aux exigeances [exigences] relatives. J’ai voulu l’absolu, comme d’autres q [qui] n’ont pu après q [que] gémir. [rature] Aurai-je donc à vivre ce q [que] je n’ai pas souhaité, une vie de chien hurleur ayant ni repos ni trêve. Faudra-t-il que j’apprenne à écrire et q [que] je [mendie?] sans cesse q [que] je déloge alors que j’eus tant voulu un chez moi avec l’indépendance dont j’ignore même le goût et [mot illisible] de la beauté sous toutes ses formes.
J’ai erré cet été d’un couvent à un autre et là aussi j’ai été rejeté. Et dire q [que] j’aurais tant aimé être aimé. Je me découvre indésirable. Quelle rigueur du sort. Même la mort me fuit. Mais q’ [qu’] ai-je donc de si repoussant…
Je me figure q [que] vous allez bien q [que] vous passez de bonnes vacances et q [que] le bonheur ne vous abandonne pas.
P.S. J’ai eu de vos nouvelles par Béalu q [qui] est passé me voir il y a qq [quelques temps]