Clinique Rech
route de Ganges
Montpellier
[1950]
Ma famille, aveugle, a voulu me faire soigner et depuis plus de 3 semaines je suis dans cette clinique, enfermé comme en prison. On m’a fait des chocs électriques et j’ai perdu : la mémoire, le goût de toute chose et j’ai gagné des maux de tête insupporttables. Tout est vendu, le beau temps n’est plus. Je ne peux d’ailleurs plus vivre à Alès. Dans cette ville je suis montré du doigt, depuis des mois on parle de ma conduite. Et puis Robert y vit… J’adore les livres et cet amour est tellement moins décevant q [que] celui pour un garçon. Je ne les abandonnerai pas, pour l’instant c’est la vie q [qui] m’abandonne. J’espère quand même sortir dans qq [quelques] jours, mais encore je ne peux pas penser…
Votre pensée touche mon cœur
croyez-moi bien vôtre
PABenoît