Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de René Bertelé à Jean Paulhan, 1950 Bertelé, René (1908-1973) 1950 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Ce Dimanche. [1950] Cher Jean Paulhan,

Je viens de lire, avec beaucoup de plaisir, Les Causes célèbres  : il me semble que ces brefs et parfaits contes sont souvent des poèmes en prose (au sens où l’entendaient Poe, ou Baudelaire) et qu’ils auront leur place dans une anthologie du poème en prose. J’en aime beaucoup la flamme violente qui éclaire, un instant, le détail signifiant d’une existence, puis, l’ombre revenue, laisse le lecteur rêver un moment à ce qu’il vient d’entrevoir. Art exquis, fait de litote, art classique « sans doute, mais fait de poésie  », avant tout – et me frappe là, qu’on n’a pas tellement dit de vous, je crois, la vertu de poésie qui se manifeste dans vos derniers écrits. (Vertu de surprise, d’étonnement, devant le monde qui est, il me semble, celle, première, du poète.) Merci, cher Jean Paulhan, de m’avoir fait lire Les Causes célèbres.

À bientôt, je l’espère. Je suis, de tout cœur, vôtre

René

P.S. (Lundi matin). Je reçois votre lettre et je rouvre la mienne. Et vous remercie de bien vouloir être, une fois de plus ! intermédiaire entre Florence et « Le Pt [Point] du Jour ». (Vous comprendrez que j’aime autant ne pas la voir, vu ses sentiments actuels à mon égard…) Je pense que la combinaison que vous me proposez serait, en effet, une façon pratique de la rembourser. « Le Pt [Point] du Jour » (et non pas moi, comme elle a toujours l’air de le dire…) lui doit un million, actuellement garanti par un stock de livres. Comme nous ne pouvons savoir le temps que ces livres mettront à se vendre, nous lui donnons dès maintenant, en remboursement, 1 million de livres. J’applaudis, quant à moi, à cette solution, que je crois équittable. Je pense que mes co-gérant et associés la jugeront de même. Et vous demande seulement le temps de les en informer, ce qui sera fait dans une semaine environ, à une réunion de la société (pas dissoute, d’ailleurs) que nous allons avoir. Je pense donc que cela pourra être rapidement réglé, au gré de Florence, après accord de ma société. Et vous tiens au courant.

Merci encore, cher Jean Paulhan, et pardon que, par la faute de circonstances que je déplore, vous n’ayez été que trop mêlé à ces affaires… qui vous ennuient, je le sais bien : Je vous suis d’autant plus reconnaissant d’y avoir pris part.

Encore vôtre

RB

Et je voudrais savoir que votre santé ne donne plus d’inquiétude. Mais vous sembliez très bien, l’autre Vendredi, à la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] -