Henri Thomas m’a dit que vous aimiez beaucoup la pluie et voici comme je commence à vous écrire qu’il se met à pleuvoir très fort. J’aurais déjà dû vous écrire depuis longtemps, mais je mène une vie très détraquée en ce moment et je ne sais combien de temps cela va encore durer. Je n’ai pas bougé de Paris. Catherine attend son enfant pour demain ou après. J’ai réussi à consolider la maison que j’ai achetée et j’espère que vous pourrez y venir souvent à la rentrée. Ce n’est qu’à cinquante kilomètres de Paris. Me voilà avec des dettes considérables qui m’affolent un peu et surtout dans quelques jours un grand nombre de factures à payer qui risquent de peut-être me forcer à revendre la maison. Je vais sans doute me remettre professeur dans une école libre à la rentrée. Aimez-vous les chiens ? J’en ai acheté un l’autre jour au rabais au marché aux puces de St Ouen. C’est un peu fou car nous n’avons à Pelleport qu’une petite pièce où l’on peut à peine bouger et où le berceau entre à peine. Jusqu’ici cela va, mais quand l’enfant viendra, s’accommodera-t-il du chien ?
Je vous écris surtout pour vous demander quelque chose pour le prochain numéro de « 84 » (celui d’octobre) pour lequel je dois remettre les textes à l’imprimerie à la fin de ce mois. Vous savez que « 84 » a dû subir quelques améliorations. Je vais essayer de le faire paraître mensuellement. Que diriez-vous d’
Il est très tard, je suis fatigué. Pardonnez moi de ne pas corriger les fautes de frappe. C’est un travail que l’on ne peut faire que le matin.
Toute mon amitié cher Jean Paulhan et j’espère vous voir très bientôt.