Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Bisiaux à Jean Paulhan, 1950-08-17 Bisiaux, Marcel (1922-1990) 1950-08-17 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950-08-17 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Le 17.8.50 Bien cher Jean Paulhan

Henri Thomas m’a dit que vous aimiez beaucoup la pluie et voici comme je commence à vous écrire qu’il se met à pleuvoir très fort. J’aurais déjà dû vous écrire depuis longtemps, mais je mène une vie très détraquée en ce moment et je ne sais combien de temps cela va encore durer. Je n’ai pas bougé de Paris. Catherine attend son enfant pour demain ou après. J’ai réussi à consolider la maison que j’ai achetée et j’espère que vous pourrez y venir souvent à la rentrée. Ce n’est qu’à cinquante kilomètres de Paris. Me voilà avec des dettes considérables qui m’affolent un peu et surtout dans quelques jours un grand nombre de factures à payer qui risquent de peut-être me forcer à revendre la maison. Je vais sans doute me remettre professeur dans une école libre à la rentrée. Aimez-vous les chiens ? J’en ai acheté un l’autre jour au rabais au marché aux puces de St Ouen. C’est un peu fou car nous n’avons à Pelleport qu’une petite pièce où l’on peut à peine bouger et où le berceau entre à peine. Jusqu’ici cela va, mais quand l’enfant viendra, s’accommodera-t-il du chien ?

Je vous écris surtout pour vous demander quelque chose pour le prochain numéro de « 84 » (celui d’octobre) pour lequel je dois remettre les textes à l’imprimerie à la fin de ce mois. Vous savez que « 84 » a dû subir quelques améliorations. Je vais essayer de le faire paraître mensuellement. Que diriez-vous d’une chronique politique ? Ou apparentée ? C’est une importante nécessité. À moins que vous ne préféreriez nous donner un texte ou des notes ou que sais-je ? J’y tiens beaucoup et je suis sûr que vous ne me le refuserez pas. Cela vous fait quinze grands jours pour me l’envoyer. Car il y a des chroniques dans « 84 ». Il y a même une rubrique intitulée « la Rue » Foires, Cirques etc... Le numéro déjà prêt de septembre paraîtra le 5. Peut-être si tout est terminé pourrais-je vous en envoyer un exemplaire avant la fin du mois. Il est bien dommage que nous n’ayons plus eu de nouvelles des ballets de l’Opera. Et le journal ? Faut-il envoyer quelque chose de précis pour une date prochaine ? J’achève tout doucement ma traduction de Trelawny. Je passe tous les jours trois heures dans le métro et cela m’impressionne encore plus que cela ne me fatigue. Je n’ai pas une minute pour toucher à mon roman. Ni à l’anthologie sur laquelle pourtant je voudrais m’acharner. Pourvu que Jeanne paraisse bien vite à la rentrée. J’en ai grand besoin ?

Il est très tard, je suis fatigué. Pardonnez moi de ne pas corriger les fautes de frappe. C’est un travail que l’on ne peut faire que le matin.

Toute mon amitié cher Jean Paulhan et j’espère vous voir très bientôt.

Marcel BISIAUX