Genève
Et tout d'abord je vous remercie d'avoir fait figurer, avec le vôtre, mon nom sur la prière d'insérer du livre de notre ami. Espérons que cet ouvrage, qui vous a donné un gros travail, sera bien accueilli par le public. Avez-vous vu que la maison de Tournus, sur mise à prix de 100.000 francs, et après baisse, a été vendue 60.000 francs seulement. L'état n'a point voulu aider la municipalité pour l'achat de l'immeuble.
La distinction dont vous me parlez si gentiment – et je vous remercie beaucoup de votre pensée – me ferait plaisir, bien sûr. Mais, mais... mais le roman politique que je prépare
La chaire de Bâle ? Je n'avais pas pensé à Arland, ne croyant pas qu'il consentirait à quitter Paris, & pour longtemps. Il est évidemment regrettable qu'il ne soit pas docteur. Et puis, d'après les dernières nouvelles, Curtius serait appuyé à Bâle. Malgré cela, la candidature d'Arland me semble très souhaitable, et non privée de toutes les chances de succès, encore que ces chances soient limitées. Avant de parler d'Arland à l'officieux représentant de l'Un. de Bâle [l'université de Bâle], je vais écrire à notre ami pour m'assurer qu'il accepterait éventuellement d'être candidat. Et il va de soi que, s'il accepte, je l'appuierai de toutes mes forces et n'aurai qu'à dire ce que je pense de lui. Je le tiens pour l'un des premiers écrivains & des premiers critiques de sa génération. Et sa présence à Bâle me paraîtrait fort heureuse.
Au revoir mon cher ami,
rappelez-vous au souvenir de ceux qui, à Port Cros, ne nous ont point oubliés, et en particulier au souvenir de M. Mme Balyne & de M. Henry que j'ai été si content de revoir à Tournus.
N'avez-vous pas froid ? Je vous imagine, près d'un feu de pommes de pin, et regardant, par vos fenêtres en meurtrières si pittoresques, la mer bleu sombre.
De tout cœur à vous et encore de très affectueux mercis pour votre pensée qui me touche beaucoup. Ne jugez pas ma réponse trop "ours", je vous en prie.