Genève.
9.VII.36
Mon cher ami,
La suite des "Fleurs de Tarbes" est digne du début. Il y a là de l'animation, un style excellent & original, une probité, une conscience de pensée & de forme par où vous l'emportez, je crois, sur la plupart des écrivains de notre temps. Peut-être souhaiterait-on que vous vous montriez parfois moins énigmatique. On dirait par endroit que vous tenez à ne point découvrir votre but – ou bien vous ne le faites qu'avec des repentirs. J'aimerais aussi peut-être, une conscience plus complète de la relativité du lieu commun – comme d'ailleurs de tous les éléments littéraires. Car enfin, ces lieux communs, il suffit qu'on y ajoute une épithète – quand c'est possible – ou qu'on les fasse précéder ou suivre d'un mot inattendu, ou bien encore il suffit de les insérer dans des circonstances historiques particulières, pour qu'ils paraissent entièrement renouvelés.
Je me réserve d'ailleurs de vous reparler de tout cela quand je connaîtrai l'ensemble des Fleurs de Tarbes
De nous deux à vous & à Mme Paulhan, nos plus amicales pensées
L.B.