Genève.

Mon cher ami,

Merci d'avoir précisé votre sentiment sur l'EsquisseBopp Léon, Esquisse d'un traité du roman, Gallimard, 1935. Ces questions me tiennent à cœur et je souhaiterais que nous puissions en causer un jour longuement. Et pourquoi pas à l'occasion de la publication du prochain fragment des Fleurs de Tarbes ? Vous me dîtes que des complications familiales vous empêcheront de venir en juillet. Je serai, nous serions, Yvonne & moi, désolés que votre décision fût définitive. Il est bien entendu que, si vous venez, ce sera dans les mêmes conditions que le mois passé & vous nous ferez le plaisir d'accepter que nous vous offrions le gîte & le couvert. Ce serait pour nous une joie. Tâchez de ne point nous la refuser. Songez à la fréquente mélancolie de provinciaux qui ne peuvent se rendre que rarement à Paris & prenez leur cas en sympathie. Je n'en dis pas davantage de peur d'être indiscret, mais vous devinez que rien ne nous réjouirait davantage que l'annonce de votre venue, au début du mois prochain.

Autre chose: il va de soi que, si vous ne parvenez point à un accord avec la famille Th. [Thibaudet], je vous restituerai ce que vous m'avez remis. Ne croyez-vous pas qu'il siérait de les presser un peu, de façon que l'Hist. de la Litt. au XIXe S. [Histoire de la littérature au XIXe siècle]Thibaudet Albert, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, (préf. Léon Bopp et Jean Paulhan / Michel Leymarie), Paris / Verviers (Belgique), Stock, 1936, parution posthume. puisse paraître cette année encore ? L'indécision, chez eux, me semble de famille. Intéressante à cet égard d'ailleurs, significative en ce qui concerne notre ami disparu.

Reçu "le Chemin de Crête" de Gabriel Marcel. L'avez-vous lu ?

Un grand merci, aussi, pour le Cygne rouge qui doit être une rareté de bibliophile.