Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Léon Bopp à Jean Paulhan, 1930-11-27 Bopp, Léon (1896-1977) 1930-11-27 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1930-11-27 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Genève.

5, 2. de Beaumont

Ce 27. XI. 30

Mon cher ami,

Ne vous faites, je vous en prie, aucun reproche à l'occasion de notre séjour à Paris. Nous aurions été confus, ma femme et moi, d'accepter votre aimable invitation alors que Madame Paulhan était encore très souffrante. Mais le plaisir de vous rendre visite n'est qu'ajourné car il est très probable que je retournerai à Paris en mars prochain, pour le service de presse de mon livre, si M. Gallimard tient ses promesses. Alors, je m'empresserai de prendre le chemin de Robinson pour aller vous saluer chez vous et j'espère qu'à ce moment la maladie de Madame Paulhan ne sera plus qu'un souvenir éloigné.

Notre santé, dont vous voulez bien vous informer, est bonne maintenant et je me suis remis au travail, au roman d'un artiste. Entre parenthèses, je me permets de vous demander si vous seriez éventuellement disposé à le publier S. la N.R.F à partir de novembre ou décembre 1931. Je ne sollicite, cela va de soi, aucun engagement formel de votre part. Il ne s'agirait que d'une prise de date conditionnelle. Et à supposer que mon livre ne vous satisfasse point, le moment venu, il vous serait toujours loisible de ne pas le publier dans la Revue. Ce que je voudrais éviter, par cette prise de date, c'est une attente de

+ à partir du jour où le manuscrit sera achevé 12 ou 14 mois +, car, faute de pouvoir échapper à de tels délais je devrais, à mon grand regret, renoncer pour ce volume & les suivants, à paraître jamais dans la N.R.F.

Je suis content que ma note sur Solal ne vous ait point déplu & je vous laisse tout à fait libre de la raccourcir un peu pour la faire entrer dans la N.R.F. de janvier.

Quant à mon autre note sur M. Y. je comprends la "situation" & je fais volontiers le sacrifice de ces quelques lignes. Bien plus, s'il se trouve, parmi les critiques attitrés de la N.R.F., quelqu'un qui consente à apercevoir et à nous révéler les mérites que je ne puis découvrir dans

le D., je ne me formaliserai aucunement, je vous assure.

Bien reçu "Est-il sage…". Merci. Je prévoyais un peu cette décision de commerce. Le commerce, si j'ose dire, ne me réussit point.

Ne nous faites pas trop attendre le plaisir de lire vos Fleurs de Tarbes. Il règne actuellement, dans la critique, d'étonnantes confusions et je suis sûr que votre grande lucidité contribuera à les dissiper. Contre l'opinion de ces ??? je ne pense pas que notre tâche soit d'ajouter aux ténèbres dont la nature nous donne l'exemple un peu partout. N'êtes-vous pas de mon avis ?

Ma femme – accaparée par notre bambin — vous envoie à tous deux ses meilleures amitiés et je vous serre la main très cordialement.

L. Bopp