Cette nuit, (épaisse, visqueuse, pleine de chauves-souris) je ne dormais point sur la pierre blanche, et pourtant j’ai rêvé à vous, j’ai rêvé de vous. Vous me rendiez visite dans une villa qui par la suite, se révélait libanaise. Vous arriviez en cavalier (pas du tout apocalyptique) mais familier, très élégant (avec de splendides bottes jaunes), maniant avec aisance un joli cheval arabe gris nerveux, capricieux. On entrait dans un salon dont le plancher, comme chez un herboriste, était recouvert de toutes les plantes odoriférantes que produit la montagne libanaise : zaatar, absinthe, zobar, thym et romarin et une couche épaisse de feuilles d’orangers. C'était merveilleux. Fenêtres closes, l’odeur était enivrante : attiré par elle, sans doute, le cheval qu’on avait cru attaché au perron, entrait
Tels sont les phantasmes de mes nuits et peut-être serez vous capable de trouver la logique de ces apparitions logiques, plus obscure qu’elles-même, bien sûr ! Je n’ai lu, bien cher ami, que la dernière partie de votre passionnante étude sur le « Clarum per Obscurius » [Les nos de la NRF de mars et avril ne me sont point parvenus, - effet ordinaire du Ramadan et des fêtes qui l’ont suivi ; - d’autre part depuis les événements, les libraires du Caire ne reçoivent plus les revues de France). J'ai hâte d’être en France pour lire le commencement de ces analyses où vous déployez ce mélange extraordinaire de rigueur, de maîtrise et d’élégance où vous excellez. Et ces découvertes à pas minutieux qui nous font passer de l’énigme d’occasion à l’énigme essentielle, de problème à l’énigme-solution. Vos démarches sont extraordinaires, et à tous égards, admirables. - Je vous embrasse affectueusement