Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1955-07-08 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1955-07-08 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1955-07-08 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Les Quatre Vents

Lesconil

(Finistère)

7 aout (je crois) [1955]

Bien cher ami. Grande joie ce matin d’avoir votre lettre. Je vous dois mille mercis de vous être occupé si diligemment de ce livre que j’avais une immense envie de lire. Ma femme vous est reconnaissante du soin amical que vous avez pris de satisfaire cette envie. Misérable Miracle a fini miraculeusement par arriver en Lesconil, après un crochet égyptien & mille circuits en France. Bouquin extraordinaire qui laisse loin derrière lui tout ce que les psychiatres & psychologues ont dit platement sur la drogue mexicaine. Le frisson vous vient de voir ce qui se produit dans notre cortex quand les subtiles & heureuses régulations du corps sont suspendues, - quand nous sommes en proie à ces phénomènes de foules délirantes que déclenche en nous l’auboma spirituale. Accepteriez vous une petite étude que je vous écrirais sur H. Michaux ?

Il est venu au Caire, farouche, dérobé, (gentil cependant) avec son terrible œil rapace. Il voulait aller au Cordofan pour observer les oiseaux merveilleux de cette contrée, les grues cendrées, les adjudants et les grèbes, les ibis. Mais il a été pris par la grippe à Kartoum. Les grippes africaines sont très malignes

J'avais rapporté du Caire la germe d’une de ces influenzas subtropicales. J'ai passé à Paris quelques journées tristes, la plupart du temps dans mon lit, à côté d’un pot de tisane. Comme c’est bête !

Ne viendrez vous jamais en Cimmerie, pour faire vos dévotions aux Sept Dormants de Massignon & aux Quatre Vents de Bounoure – Oui, je vous verrai en septembre avant de retourner au Caire ( si la pyramidale imbécillité de notre gouvernement ne nous interdit pas à tout jamais d’aller puiser aux sources de la lumière – Très affectueusement à vous

GB

[En note en haut : Jabès (& moi même) ne cessons de penser à votre promesse de nous donner quelques pages sylphides qui s’avanceront en dansant sur le Chemin des Sources