Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1952-11-21 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1952-11-21 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1952-11-21 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Le Caire, 21 Novembre [1952] Mon bien cher ami

J'avais écrit pour vous quelques pages, - que je soumets à votre jugement, avec de vives appréhensions. Ce texte vous parviendra dans quelques jours. Une sorte d’Esmeralda dactylographe s’en occupe.

J'ai rêvé à la poesie sur le Moqattam, à côté du tombeau d’Ibn Al Farid et puis aussi à Saqqarah, à côté de cette prodigieuse pyramide à degrés qui ressemble à un monument mexicain. J'ai été enthousiasmé par ces deux promenades et j’ai eu la naïveté de croire que cette excitation pouvait aboutir à un texte valable (!). Un tel degré d’illusion à mon âge est presque comique.

Je ne suis pas sans regret d’avoir quitté Paris emprès Pontoise. Le Caire cosmopolite et européen (celui où je vis depuis trois semaines) est d’une beauté affligeante. Et je n’ai pu encore pénétrer dans l’intimité de la ville arabe. En sorte que je suis en proie, assez souvent, à d’insidieuses nostalgies. - En revanche, beaucoup de plaisir à travailler avec mes étudiants ; ils aiment les lettres comme on ne les aime plus en Occident. Ce sont « des magnétisés de la parole », comme disait un ancien soufi.

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J'ai trouvé très beau le livre de Marcel sur la grandeur. Il faut qu’il garde cette allure d’Apparition dans notre littérature. Je vais le lui écrire

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Je suis encore sans foyer ni pénate. Mais le proviseur du lycée me donne l’hospitalité. Ce serait chic & généreux de m’écrire, - (en donnant comme adresse : au lycée français de la mission laïque, 2, rue Youssef El Guindi, La Caire)

Croyez moi, cher ami, très affectueusement votre

Bounoure