Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1951-01-25 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1951-01-25 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1951-01-25 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Beyrouth, 25 janvier [51] Mon bien cher ami

Nous avons été très heureux, ma femme et moi, d’apprendre ce que la renommée volante dit de vous dans les gazettes. Très heureux de voir que la Ville de l’esprit (nous parlons ainsi de Paris à tous les Phéniciens) vient de prouver qu’elle n’ignore pas où se trouve la pensée. Et un certain usage féerique de l’intelligence. Et un art si pur qu’il excède les limites de l’art (en sorte qu’on se demande si le comble de l’art ne rejoint pas un suprême naturel, une certaine nudité fraiche de la vérité...

Pas mal, incontesttablement que les autorités officielles de Lutèce soient à ce point sensibles au mythe & à l’honneur de leur ville. Assez incroyable même. Qu'aurait dit le père de Salammbo. Il y a quelque chose de changé, croirait-on, depuis l’ère de Bouvard & Pecuchet. Je trouve merveilleux que des messieurs décorés & salués par les gardes municipaux aient l’idée de faire entrer comme composante dans la gloire de Paris la légende de Jean Paulhan, ce magicien au geste d’Harpocrate.

Quoi qu’il en soit, nous sommes rudement contents et nous vous envoyons des tonnes de félicitations.

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Georges Schehadé est à Paris et connait les affres, les exaltations, les espoirs, les angoisses du grand Condé à la vieille de Rocroy. A vrai dire ma comparaison est fausse, car il ne dort pas sur l’affut des canons, ni même dans son lit. Mais son inquiétude est sans cause réelle, car Bob' le via aux nues.

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Nous n’avons pas d’hiver cette année. Je me baigne très souvent dans la mer en venant à mon bureau le matin. C'est entre solstice d’hiver et équinoxe de mars que les eaux de Phénicie sont le plus fraiches & revigorantes.

Amitiés de ma femme. Croyez à ma grande affection

Bounoure