Keer Steir
Lesconil-en-Plobannalec
par Pont L'Abbé
(Finistère)
Mon cher ami, je vous envoie une petite note sur Suarès & le paradoxe de la Gloire, à propos des deux prix qu’il vient de recevoir. Puisse-t-elle répondre à ce que vous attendiez.
Septembre. La péninsule démarre dans la brume et les tourbillons, la mer mêlée au soleil, un rêve liquide. Mais vous vous restez sur la barque de Port Cros solidement amarrée sur la mer de diamant. Peut être avez vous raison. Ici il y a vraiment trop d’eau : c’est le seul élément : l’air en est fait et la terre aussi et la lumière également. Et nos pensées tout de même. Enfin veuillons croire que l’eau est la vie éternelle, comme dit Claudel. (Mais je crois que c’est plutôt le vin, comme l’admettent nos poëtes
Je voudrais vous écrire quelques mots sur Marcel Martinet qui au sein de l’orthodoxie marxiste (nous sommes tous communistes n’est ce pas, mais pas trop orthodoxes) réalise ce paradoxe « d’être une âme », une âme de tendresse et de mélancolie. Il est, hélas, un peu Samain (et même beaucoup) et ses vers respirent une sentimentalité d’universitaire phtisique. Il est à moitié engagé dans la mort et je voudrais lui donner la joie de penser qu’on fait attention à lui.
Amitiés de ma femme. Nous faisons les vœux les plus affectueux pour la santé de Madame Paulhan, pour la votre et celle des enfants.
Je suis très fidèlement votre