Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1935 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1935 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1935 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1935]

Keer Steir

Lesconil-en-Plobannalec

par Pont L'Abbé

(Finistère)

Mon cher ami, je vous envoie une petite note sur Suarès & le paradoxe de la Gloire, à propos des deux prix qu’il vient de recevoir. Puisse-t-elle répondre à ce que vous attendiez.

Septembre. La péninsule démarre dans la brume et les tourbillons, la mer mêlée au soleil, un rêve liquide. Mais vous vous restez sur la barque de Port Cros solidement amarrée sur la mer de diamant. Peut être avez vous raison. Ici il y a vraiment trop d’eau : c’est le seul élément : l’air en est fait et la terre aussi et la lumière également. Et nos pensées tout de même. Enfin veuillons croire que l’eau est la vie éternelle, comme dit Claudel. (Mais je crois que c’est plutôt le vin, comme l’admettent nos poëtes d’Islam.) D'ailleurs nous buvons du cidre.

Je voudrais vous écrire quelques mots sur Marcel Martinet qui au sein de l’orthodoxie marxiste (nous sommes tous communistes n’est ce pas, mais pas trop orthodoxes) réalise ce paradoxe « d’être une âme », une âme de tendresse et de mélancolie. Il est, hélas, un peu Samain (et même beaucoup) et ses vers respirent une sentimentalité d’universitaire phtisique. Il est à moitié engagé dans la mort et je voudrais lui donner la joie de penser qu’on fait attention à lui.

Amitiés de ma femme. Nous faisons les vœux les plus affectueux pour la santé de Madame Paulhan, pour la votre et celle des enfants.

Je suis très fidèlement votre

G.B