Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1935 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1935 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1935 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Thiers (Puy de Dome)

Mon cher ami

Survolant Port Cros l’autre jour, dans l’avion de Syrie, j’ai essayé de vous apercevoir et de vous faire signe mais vous n’étiez point dans les verts tamaris, ni sur ces plages de Méditerranée qui sont amères & misérables comme des céphalalgies. Votre lettre m’explique pourquoi : vous étiez au pied des vallons vosgiens. J'ai souci de votre santé, de vos deux santés. Ma femme m’avait écrit, avant mon départ de Beyrouth, que vous aviez été souffrant cette année. Voici que maintenant vous m’annoncez que Madame Paulhan a besoins des eaux de Lorraine. Je fais des vœux bien affectueux pour vous deux. La maladie est une misère si noire, si injurieuse, si humiliante. Tout ce qui nous enlève l’illusion que nous sommes des fils glorieux du soleil est si cruel.

Ne viendrez vous point en Bretagne avant l’automne. Nous serions heureux de vous voir, à Lesconil, et de marcher avec vous sur la Palud et de vous faire connaître cette étrange peuplade de bretons armoricains. Songez y sérieusement. Nous pouvons vous loger très commodément et nous mangerons les rougets que mon fils ira pêcher. Veuillez, je vous prie, faire un examen sérieux de la question & nous répondre avec gravité & célérité !

L'Auvergne est belle, bourrue, chenue, immensément antique et vulcanienne. Je la quitte demain. Ecrivez moi à Lesconil en Plobannec, par Pont L'Abbé, Finistère.

Je vous demanderai votre avis sur deux ou trois choses. Vous êtes à mes yeux, un juge très révéré.

Très aimé, aussi. Mes respectueux souvenir à Madame Paulhan et croyez moi bien votre

G.Bounoure