Alep, 12 Septembre 1930Carte postale d’Alep
Bien cher ami. Me voici dans l’étrange et mystérieuse Alep, blanche & sèche sous un ciel brûlant & pur, presque sans arbre & pourtant plein d’oiseaux, bénie de grands plateaux plus roses que tous les ibis des rêves de Monsieur Godeau, annonçant toute cette Asie que nous ne verrons jamais : Samarcande, Kachgar, dont elle ouvre la porte.
J'ai rencontré l’autre jour, avant mon départ, dans le bureau d’Hoppenot, un voyageur au visage agité & cruel & qui était André Malraux, revenant justement de cette Asie que j’ai peur de ne jamais connaître. « Je ne verra jamais la ville de Damas » disait Anna de Noailles, en un vers très mauvais. Et pour moi, ce sera vrai de Kachgar & de Golconde. Mais je veux demander au printemps à aller passer quelque temps avec la Légion sur l’Euphrate, dans les endroits les plus nus du monde.
Bien affectueusement
GB