Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1928-12-13 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1928-12-13 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1928-12-13 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Beyrouth, ce 13 Décembre [28] Cher ami

Je repars pour Damas et n’ai que le temps de m’excuser pour un si long silence. Laissez moi vous dire aussi que je suis sans nouvelles de vous depuis des semaines.

J'ai eu très peu de temps à moi tous ces temps-ci. J'ai beaucoup travaillé avec Massignon et cet homme admirable vous prend tout entier. On ne lui résiste pas.

Vos observations si fines et si profondes du mois de novembre m’ont pourtant longuement occupé. Ce que vous dites des interprétations de Levy-Brühl me paraît acquis pour toujours. La lumière dont vous éclairez les recoins de tous nos raisonnements est si pénétrante et si fouilleuse, que vous êtes toujours spirituel et qu’on est un peu effrayé de votre speculum.

J'ai reçu un mot d’Eluard qui me dit brièvement : « Tout ceux qui ne considèrent pas Benjamin Peret comme le plus grand poète vivant sont de pauvres cons. Par conséquent, et ? G. Bounoure. Hein ? »

Je suis mécontent parce que j’estime que je méritais mieux, au moins quatre pages de coprolalie. Je suis très vexé de cette brièveté.

Bien cordialement

G.B.

Cet article sur Hoppenot était très mauvais : Je crois qu’il vaut mieux ainsi. Envoyez moi toujours ses épreuves, car j’ai l’esprit très lent et comme à M. de Roannès, les idées me viennent après.

Lettre de Paul Morand [28]

Publiez au plus vite la lettre de Paul Morand. Il ne faut pas faire tort à un poète de sa pensée vérittable sur la poésie.

Si vous aviez sous les yeux « l’Anthologie de la poésie haïtienne indigène, Préface de Paul Morand » vous constateriez que les opinions citées par moi ne sont aucunement présentées comme des propos recueillis de la bouche d’un voyageur et transcrits plus ou moins fidèlement. La page dont elles sont extraites est signée Paul Morand Nul ne pouvait supposer qu’il ne s’agissait que d’Une Heure Avec. Et comment deviner que dans la préface d’une anthologie poétique un poète s’adressant à des poètes ne visait qu’à définir l’art de la prose sans dire un mot de l’art des vers ?

Je suis très heureux d’apprendre que l’auteur des Lampes à Arc pense comme je le pense, que la poésie doit s’alimenter « à ces fontaines de feu, selon le mot de Yeats, où plus rien n’est grotesque, où la beauté seule existe. »

G.B