Je suis sans nouvelles de vous depuis très longtemps. Je suppose que vous êtes au bord de cette mer que je vois de mes fenêtres, si belle là-bas, ici chaude et impure, pleine de dieux - femelles au corps de poissons, plus répugnante que les requins que vit Lautréamont dans l’Atlantique.
Je vous souhaite tout ce que je n’ai pas : la chaleur sèche, la fraicheur des marais, l’autonomie de l’esprit, -toutes les présences et toutes les absences qu’il vous faut, qui me sont si rarement données.
Je vous envoie un essai sur les deux derniers recueils de poèmes publiés par Suarès : Haï Kaï d’Occident l’an dernier et Soleil de Jade cette année. Je suis très impatient et un peu anxieux de savoir ce que vous penserez de cette étude. Dites le moi.
Je vais vous envoyer des notes, certaines très courtes, sur des livres dont certains ne méritent pas grand développement. Je vous ai envoyé récemment quelques pages sur Paul Morand & les poètes de Haïti.
Croyez moi très fidèlement & avec reconnaissance