Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1957-01-07 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1957-01-07 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1957-01-07 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Paris, le 7 janvier 1957

Cher ami

Je suis contente des bonnes nouvelles que vous me donnez de GermaineCf. lettre de JP, PLH_125_020878_1957_03. Quel dommage que le soleil de Cargèse ne tente pas sur elle ses miracles. Je pense y aller avant la fin de l’hiver. Vous devriez y venir, ou y aller même en mon absence. Les clés sont toujours à votre disposition avec la brave femme sarde qui vous ouvrirait la porte et vous ferait votre ménage.

Non je n’ai rien lu sur Cargèse de ThomasHenri Thomas, La Nuit de Londres (Gallimard, 1956). Cf. lettre de JP, PLH_125_020878_1957_03. et pas encore sa Nuit de Londres.

Je suis très touchée par ce que vous me dites d’OlivierMarie-Anne Comnène, Olivier ou la lumière de septembre (Les Editeurs français réunis, 1956).et plus encore que vous ayez gardé le souvenir de Rose ColonnaMarie-Anne Comnène, Rose Colonna (Gallimard, 1930). ; mais savez-vous que vous me disiez déjà il y a 27 ans que dans Rose Colonna il y avait trop de bons sentiments. C’est donc la preuve qu’ils sont, chez l’auteur, irrémédiables puisque 27 ans d’une vie pas tellement rose ne les a pas tournés au noir !

Tout de même, trouvez-vous que les sentiments de la jeune Dorothy envers Pauline sont de bons sentiments ? Il faudrait alors donner à la haine le titre de bon sentiment.

Hélas, bien sûr, Gallimard devrait réimprimer Rose Colonna et si vous vouliez vraiment vous amuser à user de votre pouvoir vous devriez obtenir de son fils ClaudeClaude Gallimard (1914-1991). qu’il en donne la permission ou le conseil à son papa. Mais cette famille a décidément juré de ne plus rien faire de juste sur la terre.

J’aime bien cette LaurencinLe peintre Marie Laurencin (1883-1956). dans ce que Jouhandeau et surtout Suarès en ont dit.

Mais savez-vous que les membres du CNE [Comité national des Ecrivains] non communistes ne sont pas forcément des innocents de village ?Cf. lettre de JP PLH_125_020878_1957_02

En résumé vous avez raison : il y a la « face noire » des choses. Je ne le sais que trop ; je me dis seulement que tant que j’aurai la force de m’en détourner, j’aurai encore quelque plaisir à vivre.

Au revoir chez ami, à bientôt. Ne laissez pas passer le mois de janvier sans me demander à déjeuner et bonne année à vous, à Germaine, à vos meilleurs projets.

Votre Marie-Anne

Si vous venez un jour déjeuner, voulez-vous prier UngarettiLe poète Giuseppe Ungaretti (1888-1970) était à Paris pour quelques jours. de venir avec vous ?