Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1955 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1955 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1955 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Paris mardi [1955]

Cher ami. En relisant ce contePas trouvé de quelque conte il s’agit… je n’ai pas été non plus très contente de mon poème « Carco ».Cf. la lettre de JP, PLH_125_020878_1955_01. Pourquoi s’est-il trouvé là ? A vrai dire, toute l’œuvre de CarcoFrançois Carcopino-Tusoli dit Francis Carco (1886-1958), écrivain d’origine corse. me paraissait devoir lui être pardonnée à cause de quelques–uns de ses poèmes de jeunesse authentiques et touchants, m’a-t-il semblé : je venais de les relire. Je n’ai peut-être pas cité le bon. J’étais ennuyée qu’on n’en parlât jamais. Mais je suis contente que le petit conte vous ait plu – sauf le Carco qu’il est bien facile de remplacer. Si pour conserver la musique de la phrase, je mettais : « moi je donnerais tout le lot pour une chanson de Mao » − ce que j’ai eu envie de faire – on me reprocherait de faire un Père Noël communiste ! et pourtant je suis sûre que les poèmes de Mao Tsé ToungMao Tsé Toung (1893-1976) est l’auteur de poèmes dont certains seront traduits pour la première fois par Philippe Sollers dans Tel Quel (n°40, Hiver 1970, repris dans Sur le matérialisme, Seuil, 1974). par leur brièveté et leur poids devraient plaire au Père Noël et entrer en tout cas dans l’esprit du conte, tout naturellement.

Oui la pauvre IsabelleIsabelle de Bavière, cf. carte de JP à MAC, PLH_125_020878_1955_01 ! Elle ne se trouvera pas trop chez elle ! Mais en repensant à vos ennuis de la « brigade mondaine »Des poursuites judiciaires ont été entamées contre JP pour la préface qu’il a faite pour Histoire d’O de Pauline Réage., j’ai été très ennuyée d’avoir peut-être ri un peu trop vite et sottement au lieu de me demander d’une manière plus attentive en quoi ils pourraient dégénérer vraiment… Je ne pense pas que l’on puisse en regardant de près toute votre œuvre vous accuser [de tant ?] complaisances… Mais tout de même ne me laissez pas dans l’ignorance… Toute l’amitié de

Marie-Anne

La Tour Eiffel « coquetterie »Cf. lettre de JP, PLH_125_020878_1955_01 ? Oui parce qu’elle se mire dans les eaux de la Seine, je crois. « Elle se regarde au miroir ». Ne voyez nulle faiblesse cher ami dans le fait que je changerais volontiers Carco en Mao ; c’est que ce qui compte pour moi ce n’est pas d’avoir l’air de faire donner un bon point par le Père Noël à tel ou tel contemporain – ce qui après tout serait de ma part assez prétentieux – mais de lui faire opposer une poésie simple et accessible, mais vraie, au fatras des dissertations lourdes et fausses bien souvent imposées de force aux lecteurs. Si pour contenter ma puérilité de vouloir conserver mes deux syllabes avec l’accent tonique sur la 2ème [illisible] vous me dénichiez un grand poète contemporain, je dirais amen tout de suite… et d’autant plus volontiers qu’il serait plus négligé – et obscur. Mais pour Mao on serait sûr de pouvoir citer quelque chose de très bien. Je vais chercher.