Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1953 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1953 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1953 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Ce dimanche [1953] Il s’agit sans doute d’une lettre écrite après la parution du n° de la NNRF de décembre 1953.

Cher ami

Un peu déçue par le JouhandeauMarcel Jouhandeau, « Du pur Amour » (la NNRF, n°12, décembre 1953, pp.1017-1032).. Le grand récit n’est pas son affaire. Je l’aime mieux dans GalandeMarcel Jouhandeau, Galande ou convalescence au village (Grasset, 1953). ou autres [pointes vives ?]. Ici, il est pesant et terne ; ça ne lui arrive guère et on est tout mal à l’aise comme si on le voyait couver une grippe.

Votre « peinture critique »Nous ne savons pas de quel article il s’agit. Voir « La Peinture moderne ou l’espace sensible au cœur », La Table ronde, n° 2, février 1948, p. 267-280 [version augmentée de « La Peinture Moderne et le Secret mal gardé », Fontaine, n° 35, février 1944, p. 527-530. Voir également « La Peinture cubiste ou L’espace d’avant les raisons », la N.N.R.f., 1ère année, n° 4, 1er avril 1953, p. 601-626 elle n’est pas pesante elle est joyeuse et légère dans le meilleur sens et vous avez dû beaucoup vous amuser en l’écrivant. « Rappelez-vous » que vous m’en apprenez de belles sur votre petite rue !! Mais ne saviez-vous pas que les petits antiquaires ne vivent qu’en vendant aux gros antiquaires ; j’ai eu la joie tristeRajouté ensuite. de voir un pot bleu de Nevers que la vieille petite marchande de la rue des Feuillantines affichait 150 francs revendu 15 000 rue de la Boétie. Votre comparaison avec les boulangers n’est pas raisonnable… mais quand on joue aux osselets !

Combien les vers de Romains donnent l’accent et l’indécise couleur du tragique de notre époque ! Je continue à préférer R[omains] poète à R[omains] prosateur. Ce Blanchot est étonnantDans le numéro de la NNRF de décembre 1953, Maurice Blanchot donne une chronique intitulée « L’œuvre et la communication » (pp.1064-1071) et une note sur le livre de Dyonis Mascolo, Le Communisme (Gallimard). . Froid et compassé le P[aul] Morand. Vraiment ce dialogue [pour ?] en arriver au plus spécieux des monologues ! Savoureuse petite note sur Pirandello et combien juste !

Cher ami, j’espère que vous allez toujours bien.

J’ai eu ces jours derniers un grand chagrin. Ma sœur aînée dont vous aviez un jour aimé et confisqué la lettre est morte à Cargèse. Elle n’était pas jeune puisqu’elle avait dix-huit ans de plus que moiMAC est née en 1887., mais je l’avais trouvée cet été si vaillante, si lucide et si vivante que je ne puis croire à sa mort. Me voici maintenant seule survivante d’une nombreuse et tendre famille de plus en plus irremplaçable !

Recevez toute mon amitié fidèle.

Marie-Anne