Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1952-03-16 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1952-03-16 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1952-03-16 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

Dimanche 16 mars [1952]

Cher ami

M-Ch-[Martin Chauffier]« Réponse de Jean Paulhan à Louis Martin-Chauffier », Le Figaro littéraire, 7e année, n° 308, samedi 15 mars 1952, p. 1 et 4 [texte signé « Jean Paulhan » et titré par lui « À un pharisien de la Résistance », en réponse à : Louis Martin-Chauffier, « Lettre à un transfuge de la Résistance », Le Figaro littéraire, 2 février 1952, p. 1 et 4]. Louis Martin-Chauffier répond en page 4 du même numéro par « Paulhan ne m’a pas répondu ». se plaint de ce que vous ne lui répondez pas mais à vrai dire il ne vous répond pas non plus ; vous êtes l’un et l’autre si pleins de votre vérité que la vérité du contradicteur vous échappe, ou plutôt vous le traitez légèrement et non à fond comme il serait urgent me semble-t-il de le faire dans un débat aussi vital. Au moins êtes-vous resté à peu près constamment sur les hauteurs de la justice pure. Certes s’il est vrai que cent cinquante mille Français aient été condamnés sans jugement et tués sans enquêteLes chiffres généralement admis par les historiens aujourd'hui sont plus faibles. Voir J.-P. Rioux, « Retour sur l'épuration de 1944-1945 », La Croix, 11 février 2005, ainsi que P. Novick, L'Épuration française (1944-1949), Le Seuil, 1991., il y a de quoi avoir honte pendant des siècles d’être français. Mais est-ce possible ? Est-ce sûr ? Oh, mon Dieu, est-il donc vrai que les hommes ont besoin de haine moi qui m’obstine à penser qu’ils n’ont besoin que d’amour !

2 ou 3 fois seulement vous avez laissé le gouvernail à votre démon de l’ironie 1) le vieux capitaine 2) le chrétien de service 3) et toujours le récit de la même bataille ? etc, etc cela forcément qui a rendu votre contradicteur « sentimental » c’est un peu dommage ; vos arguments de seule justice étaient déjà allés très loin. Enfin, tout cela est bien passionnant mais aussi bien triste à cause des malentendus qui demeurent. Mais enfin… puisque ce dialogue n’est pas épuisé. Rien n’est plus pénible à l’amitié que ces contresens où s’obstinent parfois les meilleurs esprits… du moins aurez-vous je crois à peu près donné tout ce qui peut être donné comme arguments éternellement valables.

Je suis contente que vous ayez retrouvé sans ennuis les Six personnages et que vous ayez passé une bonne soirée tous cinqCf. lettre de MAC, PLH_125_020536_1952_03..

Peut-être viendrez-vous un jour jusqu’à la maison pour que nous parlions de tout cela et surtout pour me donner de meilleures nouvelles de Germaine.

Un lundi ou un vendredi, vous me feriez plaisir en partageant mon déjeuner 1h¼ ou mon dîner 7h½.

Dites-moi quel lundi ou quel vendredi dans un mot ou au téléphone Odéon 07 67 car c’est là toute la nouveauté de ma vie.

Toute l’amitié de

Marie-Anne