Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jacques Copeau à Jean Paulhan, 1929-04-02 Copeau, Jacques (1879-1949) 1929-04-02 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1929-04-02 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1929]
PERNAND-VERGELESSES CÔTE-D'OR
2.4.29
Mon cher Paulhan

Michel Saint-Denis me communique la lettre ci-jointe de M. [Lagros] Lisez-la. Pourquoi diable cet honorable professeur veut-il faire une conférence sur le vieux-Colombier et sur moi-même, dont il ne sait rien, rien, absolument rien? Sa lettre en fait foi. Faut-il que je lui fasse sa conférence ou la lui fasse faire ? Supposez que je lui fasse rassembler la documentation qu’il désire : que pourra-t-il bien en dire, seigneur ? et sur quel ton ? Le Vieux-Colombier ne cessera pas d’être pour lui quelque chose qu’il ignore totalement et qu’il ignorera toute sa vue, n’en ayant jamais rien vu. Qu'il parle des oeuvres, du point de vue littéraire, et se taise sur le reste. Il pourrait le faire et ne le fait pas, puisque son programme, à l’exception de Duhamel, ne mentionne aucun des auteurs joués au Vieux-Colombier, et s’attache au contraire à Claudel (th. de l’Oeuvre) à Achard et Passeur (th. de l’Atelier). Et peut-on dire que ces auteurs dramatiques soient de la Nouvelle Revue Française, parce que leurs pièces y ont été imprimées ? Tout ce programme est d’ailleurs, de la première ligne à la dernière, une véritable plaisanterie. Vous comprendrez, mon cher Paulhan, que, sans aucune mauvaise humeur, je ne tienne pas du tout à me voir complètement défiguré devant le public anglais, par une conférence que je n’ai nullement sollicitée et qui ne me ferait d’honneur que si son auteur trouvait en lui-même quelques raisons de la prononcer. Aussi, mon cher Paulhan, vous demandé-je instamment d’obtenir que cette conférence n’ait pas lieu. Ma demande ne peut vous surprendre. Représentez-vous la tête d’un écrivain à qui l’on viendrait dire : « Je fais une conférence sur vous dans dix jours, sur vous, sur votre oeuvre, sur votre « influence ». Dites-moi bien vite qui vous êtes, ce que vous avez fait, etc...

N'est-ce pas ?

Bien cordialement à vous

Jacques Copeau