Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Benjamin Crémieux à Jean Paulhan, 1927-02-01 Crémieux, Benjamin (1888-1944) 1927-02-01 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1927-02-01 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Mardi 1er Février 1927

Je suis très content d’HerriotLe 29 janvier 1927, J. P. a été nommé chevalier de la Légion d’honneur.. Et je te donne l’accolade.

J'aurais un plein sac d’argument à vider, mais devant quel juge ? Gallimard est juge et partie. (Ploutocratie!)

Rien ne tient de ce que me rapporte ta lettre.

1°) Il y a toujours eu une critique dramatique à la N.R.F.

2°) Nous sommes d’accord, G. et moi, sur presque tous les points en matière de théâtre. (Qu'il me dise ce qui l’a choqué – éloge de Pitoeff à part Voir B. C., « Pitoëff et la fondation à Paris d’un théâtre de répertoire étranger », La NRF, août 1922, pp. 239-241 ? – dans mes chroniques.)

3°) Il n’est pas exact que G. s’inquiète d’accorder à ses goûts la critique dramatique de la Revue. Il a fait faire des articles dithyrambiques sur Félix Jacques de Lacretelle, « Félix, d'Henry Bernstein », La NRF, juin 1926, p. 753-759. et Orphée André Beucler, « Orphée, de Jean Cocteau », La NRF, juillet 1926, p. 120-123. qu’il n’aimait pas.

4°) Il est inexact que je n’ai pas autant de flair pour les pièces que pour les romans. J'ai entre trente pièces de Pirandello choisi d’abord Six personnages Création à la comédie des Champs-Elysées, mise en scène de Georges Pitoëff, 1923. et Chacun sa vérité Pièce de Nicolas Evreïnoff, montée à l'Atelier par Charles Dullin en 1926. qui ont fait le tour du monde par la suite. J'ai prédit à Dullin le succès de la Comédie du bonheur, prédit que le 3e acte des Zouaves Les Zouaves, pièce de Bernard Zimmer (1893-1964), montée à l'Atelier en 1925. Sur B. Zimmer, voir Jean Paulhan – Henri Pourrat, Correspondance 1920-1959, éd. C. Dalet, M. Lioure, A.-M. Lauras, Gallimard, 2019. ferait tomber la pièce. Je pourrais citer dix autres exemples.

Etc…

Mais je crois qu’il faut poser la question en termes un peu différents.

C'est la N.R.F. qui m’a offert de faire la critique dramatique (Rivière après le départ de Boissard Paul Léautaud (Maurice Boissard) (1872-1956) a quitté La NRF en 1923., j’ai refusé – toi ensuite). Je n’ai pas demandé que cela s’appelât Chronique dramatique. Ecrire des notes me suffisait Voir « Notes : le théâtre. L'Imbécile, de P. Bost ; La Locandiera, de C. Goldoni », La NRF, décembre 1923, p. 759-763.. C'est après la publication Lacretelle que tu as, après que je t’en avais parlé assez en l’air, transformé mes notes en chroniques Voir La NRF, août 1926, p. 233-237..

Ces chroniques ont fait du bruit dans les provinces, à l’étranger. On commence à poser le problème selon mon énoncé. J'ai besoin de le poser tout à fait. Il y a pour un critique deux ou trois occasions pas plus dans sa carrière où il peut agir sur la production en débrouillant un chaos. J'attribue de l’importance à ma critique dramatique parce que j’ai l’impression qu’elle peut être efficace : en distinguant les deux théâtres, en appelant au théâtre les vrais écrivains (j’ai convaincu Giraudoux Voir B. C., « Siegfried, de Jean Giraudoux », La NRF, juin 1928, p. 867-869 ? d’écrire une pièce, demi-convaincu Montherlant, etc.).

La question est de savoir si l’intérêt de la revue a été compromis par mes chroniques, s’il y a dans le Conseil d’administration de la Revue unanimité ou majorité contre moi, ou si je dois simplement subir le Fait du prince.

Je demande si, simplement parce que je n’ai pas de contrat signé, ou peut me congédier du jour au lendemain et si ce que j’ai fait et fais pour la revue et les éditions ne me méritent pas des égards. Etc…

[Plusieurs mots illisibles barrés]

En résumé, ma chronique m’intéresse, tout le monde sait que j’y tiens. Voici ma proposition de conciliation :

Je garde ma chronique en mars, avril, mai, juin, juillet. Je m’engage à ne pas écrire chaque mois plus de quatre pages. Au besoin j’accepte qu’en juin par exemple, ma chronique saute à condition qu’une note indique : « L'abondance des matières nous a obligés à ajourner la chronique —. »

(Quatre ou cinq numéros, l’espace d’un roman qu’on déteste)

Après juillet, j’abandonnerai ma chronique, mais à la condition que pendant un an au moins elle ne soit confiée à personne d’autre.

J'aimerais avoir une réponse demain mercredi avant la réunion. J'ajoute (mais non, je n’ajoute rien ; je serai à temps de te dire mes intentions si ma proposition était refusée).

Montre cette lettre à G. [Gaston] ou extrais-en ce que tu voudras pour le lui transmettre. Vous avez ici mon dernier mot.

ultimatum

[conseil?]

(Critique [mots illisibles?] nrf

Revue européenne

engagement départ Crémieux.

Bien affectueusement,

B. C.