Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de René Daumal à Jean Paulhan, 1935-04-08 Daumal, René (1908-1944) 1935-04-08 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1935-04-08 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
60A, route de [Chêne] Jeune-Ève [Genève].le 8 avril [1935] Cher ami,

Voici la note sur Cassou – et une autre de Vera et de moi (c’est elle qui a assisté au spectacle) qui vous intéressera peut-être pour l’Air du Mois. Il y encore 2 ou 3 choses que j’aimerais signaler sur Genève (« centre d’éducation » comme disent les affiches touristiques) : je vous enverrai une ou deux notes là-dessus dans quelques jours, avec la note sur L’Évol. [Évolution ] des mots

Dommage, ce que vous me dites de « Mesures ». Si vous pouvez obtenir quelque chose à la N.R.F., merci – cela me permettrait encore quelques calfatages indispensables ; je devrai retarder mon voyage à Paris, mais tant pis.

Suarès a raison, quant au Contre-Ciel, si du moins il veut dire la même chose que ce que j’entends. C’est pourquoi aussi je tiens, vous ai-je dit, à revoir le manuscrit, l’élaguer un peu et l’introduire en quelques lignes claires.

Dommage aussi que ma note sur Bailly [Bally] n’ait pas paru. Il va être bien déçu ; vous savez qu’on a très mal vu, et tu, son livre en France. Je vous [dessin : prie] de la faire passer dans le prochain n° [numéro]. Oui ?

Comme je suis [figure exprimant la joie] d’avoir le Dict de Padma ! Merci.

Eh bien, je serai très content de faire la connaissance de Madame Deharme. Par la lettre que vous m’avez transmise, Fr. [Franz] Hellens me demande la permission de publier mon « poème » (sic) « à Dieu et à l’Homme. » Je lui réponds « trop tard ! » Mais presque tout arrive trop tard. Presque tout le monde se croit l’éternité devant soi.

Tout (x)iste n’est pas suspect. Tout néo -(x) m’ennuie. Le sur -(x) est souvent signe de sous (x’). Donc tout néo-sur -(x)-iste m’est cynocéphale. Corollaire  : x = réel, relation transitive, mais tautologique. Mais Roger Caillois finira par faire son chemin tout seul, et peut-être pas mal. Les autres sont trop conglomératifs. Quant à la bête noire de Vitrac, on la connaît !

Combien Artaud demanderait-il pour transformer une actrice en lady ? Mais il a bien raison. Faut pas gâcher le métier.

Je suis en train de me raconter une espèce d’épopée du Mot. Quand je la saurai à peu près, je l’écrirai. Ça sera beaucoup mieux que la Grande Beuverie. Je me sens décidément un penchant pour la littérature.

Est-ce qu’on donnera le prix d’excellence à L.-P. [Léon-Paul] Fargue pour sa dissertation sur le «bon » La Fontaine ?

Très bien si l’Origine du Théâtre peut passer dans « Mesures » IV. C’est décidément introduit en Europe ; je crois que quelqu’un en prépare une traduction anglaise, mais peu importe. Je pense que vous ne verrez pas d’objection à la note, adjointe à ma critique de Cassou, sur la traduction, que je publie dans Présence  : je le fais pour donner publicité non tant à cette revue qu’à un texte réellement précieux et dont la publication me semblait urgente ; publication qui n’empêchera pas une traduction postérieure plus complète – (quant à la note sur Fargue et Jammes, c’est comme bon vous semble.)

J’aurai bien des choses à vous dire, de vive voix, sur nos travaux ici. Bientôt, j’espère ; surtout si vous convainquez M. Gallimard que je suis un jeune écrivain plein d’avenir. Bonnes vacances et poignées de main à vous deux de nous deux.

René Daumal

« Métamorphose(s) » n’est pas mal. Que penser de Réponses (sous-entendant que chaque volume devrait contenir au moins une réponse positive à une question – c’est une conversation avec Ph. [Philippe] Lavastine, à propos d’autre chose, qui me suggère cela –) ?

Dites à A.R.R. [André Rolland de Renéville] que sa note sur la Bible et l’Inde m’a beaucoup réjoui (blague dans le coin, c’est envoyé!). (Je pense faire une collecte pour lui offrir les œuvres complètes de Voltaire.)