Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de René Daumal à Jean Paulhan, 1934-10-10 Daumal, René (1908-1944) 1934-10-10 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1934-10-10 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
mercredi 10 octobre. [1934] Cher ami,

Je crains que vous n’ayez pas reçu ma dernière lettre (du 4 oct. [octobre]) – C’était encore pour vous demander un service ; je vous disais ceci :

Lorsque j’ai entrepris la traduction du livre de Hemingway, Parain m’a dit qu’une fois le manuscrit remis (et la moitié des droits payés), je pourrais facilement, 2 ou 3 semaines après, obtenir l’avance de la seconde moitié (bien qu’il fût convenu qu’elle me serait versée à la publication) – Il y a plus d’un mois que cette traduction est finie, aussi puis-je demander si cette possibilité existe toujours. Mais J’ai déjà écrit à Parain à ce sujet, mais peut-être est-il absent de Paris – je ne sais si c’est lui, ou M. Chevasson, ou quelqu’un d’autre, qui s’occupe de la chose, et c’est long de discuter de cela par lettres. Ça prend des semaines. Puisque vous êtes dans la maison, voudriez-vous bien en parler soit à Parain, soit à qui de droit ? – (je vous répète, il s’agit d’une chose oralement convenue déjà). Et s’il est possible de m’avancer tout ou (au pis aller) partie des 1250F qui me reviennent encore, voulez-vous demander qu’on me l’envoie aussitôt ; par mandat télégraphique serait le mieux, en tout cas pas par chèque – Cela nous serait bien utile, car nous sommes ici sans un sou – c’est un problème chaque fois pour envoyer une lettre, et on n’y arrive pas toujours.

Il fallait en effet que nous soyons à Genève (j’ai plusieurs espoirs d’y gagner ma vie, mais pas tout de suite) ; nous sommes dans un endroit charmant, campagnard, où l’on nous fait crédit

mais on en verra vite le bout

de deux mansardes [rature] (très agréables) et d’un repas par jour – mais pas un sous (français même) en poche. Mme de Salzmann, qui a des difficultés de toutes sortes à s’installer ici, ne s’y fixera que vers la fin du mois ; pour le moment, elle ne vient que 2 fois par semaine, mais le travail continue. D’ailleurs c’est un endroit excellent pour travailler, en général.

Voici la Pataphysique ; rien de bien sensationnel, mais. Je n’ai pu vous l’envoyer plus tôt, toujours pour les mêmes raisons. Merci si vous pouvez obtenir quelque chose. Les épinards sont brûlés et quant aux haricots, ils touchent à leur fin. Et j’attends toujours la lettre que vous m’avez promise. [rature]

Nos amitiés, à vous et Mme Paulhan

René Daumal

P.S. (Non, j’écrirai ce P.S. dans ma prochaine lettre.)

[horizontalement, en haut à gauche]Pension La Ferme60A, route de ChêneGenève