Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de René Daumal à Jean Paulhan, 1930 Daumal, René (1908-1944) 1930 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1930 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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mardi [1930] Cher Monsieur,

Voici la première lettre que je puisse écrire depuis quinze jours d’une grêle d’événements accablants ou accaparants.

Bien sûr, je me rends compte que ma note sur « Lautréamont et la critique » était bien près de paraître déplacée dans la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] Mais elle représente sûrement ce que je pourrais écrire de moins choquant pour les lecteurs de votre revue. Si je vous envoyais un nouvel article, vous le trouveriez insupporttable, et pourriez croire à une réaction méchante de ma part ; alors qu’au contraire, essayant, par amitié pour vous et avec une entière bonne volonté, d’imaginer de quel livre je pourrais parler, et de quelle façon,– je voyais, entre autres, « 10 C.V. » d’Ehrenbourg – j’ai constaté que je n’en pourrais parler sincèrement qu’avec des professions de foi telles, et un ton de polémique tel qu’alors vous ne voudriez pas risquer une indignation générale de vos lecteurs.

S’il ne s’agissait que de la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] je vous aurais envoyé une note – sur ce livre ou un autre – et vous auriez constaté qu’elle était impubliable. Les choses se seraient arrêtées là. Mais c’est vous considérant que je préfère vous parler en toute franchise d’abord, tenant avant tout à conserver avec vous des relations de sympathie et de sincérité.

Si vous le désirez toujours, je puis vous envoyer quelques poèmes ; puisque vous me les avez demandés en toute connaissance de cause. Mais, comme vous êtes plus familiarisé que moi avec les réactions des lecteurs, si vous pensez que la publication de poèmes après cette note, a, pour des raisons quelconques, des inconvénients, dites-le moi : je puis comprendre toutes vos raisons, (sachant qu’elles seraient bonnes) sans aucune arrière-pensée. Ainsi je suis votre

René Daumal

P.S. Je m’étais proposé de vous porter un exemplaire du Grand Jeu, depuis longtemps. Renéville m’avait dit que vous en étiez impatient ; au reste, votre service de presse a été fait avec beaucoup de lenteur. Mais j’ai demandé à André Delons, qui devait vous voir, de vous porter un exemplaire ; j’espère qu’il l’a fait.

Je n’ai pas reçu le n° [numéro] de la N.R.F. [Nouvelle Revue Française] où ma note a été publiée. Je serais très heureux si vous pouviez me le faire parvenir. Merci.

3, rue de la FraternitéArnouville-les-Gonesse(S. et O.)