Vous avez raison : je me demande encore quelle idée m’a pris de vous soumettre (pour la nrf [Nouvelle Revue Française ] ces notes nullement destinées à la publication, qui ne sont pas (ne vous y trompez pas!) des pages d’un livre futur, mais, extraits d’un carnet qui disparaîtra avec moi si je ne le détruis pas avant, des repères, des références à un contexte non écrit et qui ne le sera pas. Cette idée (assez sotte) revenant (assez paradoxalement) à vouloir publier (sans les énoncer complètement ) les raisons que j’ai de ne pas publier – à défendre en quelque sorte le silence… en parlant.
Vous avez bien vu que ces pages « semblent faites pour empêcher tout le reste » (s’il s’était agi d’un livre). Elles marquent pour moi les étapes d’une route qui aboutit au silence absolu, auquel je tends, auquel j’aurais sans doute déjà atteint, n’était la nécessité de gagner ma vie, donc (c’est là qu’est le paradoxe) d’écrire et de publier, dans la mesure où les besognes alimentaires et anonymes auxquelles je me livre ne suffisent pas à assurer tout à fait ma subsistance.
Pour exposer et développer (forte
Laissons cela.
Ce qui m’ennuie, c’est que je n’ai pas d’autre copie du Don Juan que je vous ai donnée et qu’a, me dites-vous, Arland. L’original est à l’imprimerie. Le volume paraît le 15 septbre [septembre]. Il me faut donc souhaiter soit que la nrf [Nouvelle Revue Française ] publie ce texte en août ou en septembre – soit que M.A. [Marcel Arland] me le fasse tenir avant août. Sinon, tant pis.
Je vous ai dit, je crois, que nous ne quitterions pas Janville cet été. Si vous ne vous déplacez pas (trop) vous-mêmes, nous espérons beaucoup vous y voir. Avez-vous des projets de vacances ? Si non, que Dominique téléphone à Moucky un de ces jours : elles arrangeront quelque chose. On aimerait bien passer une journée avec vous.