Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1958-04-14 Elsen, Claude (1913-1975) 1958-04-14 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1958-04-14 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
lundi 14 avril [1958] Mon cher Jean,

J’allais justement vous écrire, Dominique (à qui, inquiet de votre silence, j’avais demandé de vos nouvelles) m’ayant dit que vous étiez à Port-Cros.Je demande à Pauvert son anthologie du non-sense . Je vous enverrai donc une note sur ce livre (s’il me l’envoie) en même temps que celle sur le Contrepet et les palindromes. Mais vous me parlez de deux notes (non compris le non-sense ). Sur quoi, la seconde ? S’agirait-il des Chiens de paille , dont je vous avais suggéré que parlât la nrf [Nouvelle Revue Française ] ? Défense de l’occident vient de publier un n° [numéro] spécial sur Drieu, qui ne manque pas d’intérêt – surtout à cause des inédits de Drieu. Mais je suis en discussion avec Robert Poulet touchant son interprétation du suicide de Drieu, dont il conteste la « nécessité », alors qu’à mes yeux D. [Drieu] ne pouvait pas ne pas se suicider un jour ou l’autre, les circonstances de 44-45 n’en ayant été que l’occasion.

Vous ne reconnaîtriez (vous ne reconnaîtrez) pas Golo, qui va allègrement sur les 13 ou 14 kilos. Il a doublé de taille et de poids depuis que vous l’avez vu. Il nous enchante toujours autant.On vient de me parler du cas d’un monsieur de 58 ans qui souffrait depuis deux ans d’une dépression nerveuse que les médecins avaient renoncé à guérir. Il y a quelques mois, un de ses amis eut l’idée de lui offrir un jeune boxer. Il est guéri.

Oui, les Deux Don Juan sont achevés. Je termine la préface (que vous lirez).Je viens de lire le Nouvel art d’aimer de Toesca, dont je partage la plupart des vues, mais dont l’assurance satisfaite ma paraît un peu agaçante – et assez superficiels les commentaires à Ovide, La Bruyère, Chardonne et… Dutourd (pourquoi Dutourd, grand Dieu?)En revanche, les Grèves de Jean Grenier m’ont enchanté.

Nous avons eu des nouvelles d’Arnold et de Nadine (séparément). Tous deux nous disent s’être séparés mais rester les meilleurs amis du monde. Nous espérons avoir leur visite (séparément, aussi, semble-t-il). Curieuse histoire.

Après des Pâques sibériennes, le printemps vient de faire son apparition à Janville. Nous y sommes toujours satisfaits de la vie campagnarde. Dès que vous aurez un moment de liberté, il faudra revenir. Je vous signale à toutes fins utiles que la chambre d’ami sera habittable dans quelques jours.

À bientôt, mon cher Jean. Nous vous embrassonsClaude